Climat

Climat des continents à 2°C

Sécheresse et Incendies

Des catastrophes nouvelles surviendront probablement dans les prochaines décennies, et une meilleure anticipation nous protégerait beaucoup. Une analyse de l’évolution possible du climat s’intéresse au seuil de 2°C, qui pourrait être atteint vers 2041 en cas d’émissions de carbone incontrôlées.  Cette première constatation est très inquiétante, car la température de 2 degrés présente un danger d’effets de rétroactions qui seraient difficiles à contrôler. Espérons donc que les émissions de carbone décroîtront rapidement, et que ces conditions ne seront jamais réalisées.

Le climat régional a été décrit avec une précision nouvelle, à une résolution de 15 miles (environ 20 km). Pour y parvenir, les auteurs ont travaillé avec des moyennes mensuelles de température et de pluviométrie. Ils esquissent donc l’évolution du climat régional, plus sec ou plus humide, mais ne capturent pas les événements extrêmes ponctuels.  Ils examinent la température moyenne, les vents moyens à la surface de la Terre, les précipitations, et l’humidité relative. 

Il semblerait que la région de l’Amazonie s’assécherait (en orange dans la fig 4b), et certaines régions d’Afrique, au Sud du Sahara deviendraient plus humides (en bleu). Les régions d’Afrique situées au Nord du Sahara recevraient moins d’eau. Les précipitations moyennes augmenteraient également à l’Ouest de la péninsule indienne, et l’ensoleillement y diminuerait un peu. 

Fig 4b. Caractéristiques spatiales de l’Ensemble Multi-Modèles des anomalies de précipitation (SSP2-4.5) dans les années 2040 par rapport à la référence. Source : What does global land climate look like at 2°C warming? Earth’s Future.

Les précipitations doubleraient aussi au Sud du Groenland, où des pluies très abondantes sont déjà observées actuellement. Le climatologue Jason Box parle de rapides atmosphériques, des précipitations très abondantes de plus de 300 mm d’eau en une journée. Elles causent la fonte des glaces et pourraient accélérer la montée du niveau de la mer. Elles montrent aussi la déstabilisation en cours de notre atmosphère.

La pluviométrie moyenne sur l’ensemble des continents reste quasiment identique à la période actuelle. Cela me surprend un peu, parce qu’une autre étude récente montrait que le cycle hydrologique augmente. Selon son auteur Lijing Cheng, de nombreux indices montrent une augmentation continuelle de l’intensité du cycle hydrologique. Ces travaux ne sont donc pas forcément contradictoires, mais les événements de pluie intenses récents sont vraiment très impressionnants : une année de pluie en un jour, soixante -neuf centimètres d’eau en un jour, etc.  Les précipitations totales ou moyennes devraient alors être plus élevées.

Les risques d’incendie sont bien étudiés, grâce à des indicateurs intelligents qui cumulent le nombre de jours de sécheresse et l’état de la litière forestière. Ils augmentent notablement, essentiellement en Amazonie, en Amérique du Nord et dans les régions Méditerranéennes.  Cette année, les feux de forêt ravagent déjà le Canada, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, et l’Algérie. Début 2020, d’immenses brasiers attendus à la fin du siècle ont touché les forêts Australiennes.  L’été passé, l’Angleterre a atteint 40°C, et la sécheresse inhabituelle a déclenché de nombreux incendies. Cela montre clairement que des zones habituellement humides s’embrasent facilement lorsqu’elles sont exposées à la sécheresse. L’île de Maui, dans l’archipel d’Hawaï, a subi une sécheresse très rare, et des vents forts, qui ont provoqué un immense brasier et ravagé une station balnéaire. Le bilan actuel est de plus de quatre-vingt dix décès. Le départ de feu a pu venir d’un arbre tombé sur les fils électriques, à d’autres endroits, en Sibérie, d’abondants éclairs sont incriminés.

Ces prévisions sont très inquiétantes pour l’avenir de la forêt Amazonienne, et celle-ci est très importante pour le climat terrestre. Elle souffre déjà des sécheresses des dernières années, et survivrait difficilement à une absence de pluies. Par ailleurs, les vagues de chaleur deviendraient très dangereuses.

Le changement climatique apporte bien d’autres dangers. Les pluies intenses comportent des risques d’inondation, de glissements de terrain, et de destructions de bâtiments. 

Ouragans

Un autre changement s’opère au niveau des ouragans. Le nombre d »événements très forts augmente.  Les vents maximaux de ceux-ci accélèrent, et leur durée s’accroît.   L’énergie dégagée par les ouragans a augmenté de 70% en une trentaine d’années.  L’intensité des ouragans donne une indication importante sur les risques de destruction. Le chercheur Kerry Emanuel a estimé au début du 21ième siècle que les vents les plus forts des ouragans passeraient de 175 à 220 miles à l’heure, c’est à dire plus à de 350 km/h en cas d’un doublement du CO2 préindustriel (env. 560 ppm).  La concentration de gaz carbonique est déjà passée de 280 ppm à environ 420 ppm, nous sommes donc assez proches.

Ces géants se forment au dessus des océans lorsque la température de l’eau excède 26°C. Le réchauffement des océans pourrait accroître leur territoire vers les régions autrefois appelées tempérées. Cependant Emanuel estime que les zones de formation sont plutôt limitées aux régions où l’atmosphère monte lentement sur une grande échelle.  Par contre, un ouragan formé dans les tropiques peut très bien poursuivre sa route ailleurs, y compris en Europe. Nous en avons vu un exemple avec la tempête Danielle en 2022, un ouragan bien affaibli à son arrivée en France.

Les dommages causés par les vents au triple de la vitesse, de plus des tempêtes deviennent plus grandes (entre 10 et 200 km de diamètre) et ravagent une telle surface pendant plus longtemps.

Nous sommes déjà très proches de cette intensité maximale calculée par Emmanuel. L’ouragan Irma a touché les Caraïbes et la Floride en 2017, avec des vents 295 km/h au moment de son atterrissage à Cuba. Le bilan était de 134 morts et de plus de 50 milliards de dollars de dégâts. Le supertyphon Haiyan, qui a ravagé les Philippines en 2013, a atteint la terre avec des vents de 315 km/h. Il a fait plus de 6 000 morts et affecté plus de 16 millions de personnes.

 Les constructions humaines sont prévues pour supporter la plupart des vents connus. Les bâtiments en béton pourraient peut-être résister à ces ouragans, mais les régions tropicales contiennent aussi de nombreuses maisons en bois. Même les constructions en pierre devraient être très résistantes, avec des profondes fondations, une structure compacte et des toits à faible pente, et de nombreuses risqueraient d’en pâtir. A l’heure actuelle, les plus grands dégâts sont causés par les vagues et l’inondation de côtes. La prévention est aussi importante, elle peut changer le bilan des ouragans futurs. Ces catastrophes causent bien plus de dommages en Afrique par rapport à l’Europe et aux Etats-Unis. L’Afrique ne compte que 6% du nombre de stations météo radars des pays industrialisés, et les ouragans y causent plusieurs fois plus de décès.  Outre les stations météo, il faudrait prévoir des abris et l’évacuation des populations menacées. En général un ouragan est observé quelques jours à l’avance, mais un nouveau phénomène, le cyclone bombe, se développe en une journée et laisse moins de temps pout l’évacuation.


 

Catégories :Climat, Océans

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2 réponses »

  1. Bonjour Dorota, et merci pour votre travail.
    Deux réflexions me viennent immédiatement. Qu´appelez-vous des émissions incontrôlées ? Il me semblait que toute émission de GES était incontrôlée par nature 😉
    Le deuxième concerne le cycle hydraulique. Avec une élévation de la température globale, on peut facilement imaginer une augmentation de l´évaporation et donc de l´humidité et des nuages. D´où une augmentation du cycle ..
    Mais je sais que l´on ne vit pas forcément dans un monde intuitif alors …
    Cordialement

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    • Le GIEC avait fait différentes prévisions d’évolution de la société et d’émissions de carbone Les émissions ‘incontrôlées’, la trajectoire RCP8.5 du GIEC représente une évolution de la société avec forte croissance et sans panneaux solaires ni réduction d’émissions. Ces dernières années, les émissions de carbone mondiales ont augmenté à un rythme semblable à RCP8.5, surtout dans les pays en voies de développement, mais de nombreuses installations et réductions d’émissions ont été mises en place, les émissions devraient ralentir. En ce qui concerne le cycle hydrologique, vous avez raison, et j’ai vu plusieurs indications qu’il s’accélère.

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