Climat

Inondations sur une terre à +2°C

Les responsables européens de prévention de catastrophes se sont réunis cette semaine à une conférence du DRMKC, Centre européen de gestion de risques de catastrophes. Ils ont souligné que la situation en Europe avait changé. Les désastres sont plus nombreux et plus importants. En particulier les inondations et les feux se répandent. La conférence était émaillée de déclarations telles que « je n’ai jamais rien vu de pareil en vingt ans de travail », des inondations incroyables, très, très graves », « les réalités changent sur une Planète en ébullition ».

Les pays du Nord de l’Europe se croyaient en sécurité il y a quelques années, mais ce n’est plus le cas, ils sont aussi touchés par le changement climatique. Un intervenant a rappelé, avec raison, que les risques qui sont aujourd’hui considérés comme peu plausibles pourraient bientôt se révéler très réels. 

Ces dernières semaines ont apporté de nombreuses inondations en Europe et ailleurs. Les pluies intenses se sont abattues sur l’Europe, apportées par la tempête Ciaran qui a inondé l’Ouest de la France, et déployé des vents record. Le nord de l’Italie a aussi subi un vrai déluge.

La tempête Babeth a provoqué des inondations étendues en Ecosse, et a compromis les récoltes de pommes de terre. L’Irlande a été frappée par la tempête Debi. La liste s’allonge sans cesse. 

Le 16 novembre,  la campagne ressemblait à des limbes grises, un ciel de plomb se reflétait dans les étangs que la pluie avait formé dans les champs. 

La tempête Frederico a déferlé dans la nuit, a dévasté Clermont-Ferrand et la Suisse qui a subi un décès.  Un arbre tombé sur une voiture en marche a tué le conducteur.

Le 17 novembre, les températures de l’air de la Planète, mesurées par Copernicus, ont dépassé pour la première fois 2°C au-dessus des températures préindustrielles (1850-1900).  Cette journée a ainsi battu le record de l’anomalie de température la plus importante jamais relevée.


https://twitter.com/CopernicusECMWF/status/1726578518463816078

La température de l’air de la Planète a dépassé 2°C. Elle a atteint 2.07°C le 17 novembre et 2.06°C le 18 novembre 2023. Il s’agit de valeurs journalières, qui sont variables, mais qui ont provoqué l’inquiétude des scientifiques, d’autant plus que les températures maximales d’El Nino surviennent habituellement au printemps.

Ce niveau de réchauffement provoque une augmentation de l’Humidité de l’air et favorise les inondations, ce qui pourrait contribuer aux événements météorologiques récents. 

Les côtes italiennes ont vu des nombreuses trompes d’eau, telles que celle sur la photo de couverture de l’article. 

Les autres continents ont connu de vrais déluges. La Somalie en particulier a été inondée par des pluies exceptionnelles, qui ont provoqué l’évacuation de sept cent mille personnes. Beaucoup d’entre elles s’abritaient déjà dans des camps de réfugiés,  après avoir fui la sécheresse exceptionnelle qui y sévissait récemment, ou l’insurrection islamiste. Le quart de la population, environ trois millions de personnes, est menacé de famine et les pluies de ces prochaines semaines pourraient encore aggraver le bilan. La deuxième ville du Kenya, Mombasa, une métropole de plus de trois millions de personnes, est en grande partie inondée. La Tanzanie est aussi affectée.

D’importantes précipitations ont aussi déferlé sur le Brésil, la République Dominicaine, le Myanmar, ainsi que Jeddah en Arabie Saoudite. En République dominicaine, des pluies record, jamais vues dans l’histoire du pays, ont touché plusieurs provinces, provoqué une vingtaine de décès, et compromis les récoltes dans ce pays aussi. La ville de Porto Alegre au Brésil, a subi une rare  inondation. L’état était submergé pour la cinquième fois cette année. 

Dans les pays pauvres, une telle catastrophe, un déferlement d’eau dans les maisons signifie souvent la perte de toutes les possessions, qu’il sera très difficile de reconstituer. Les récoltes alimentaires sont compromises. Dans les pays développés, il provoque des coûts énormes, que les assurances couvrent encore pour la plupart. Cependant, les agences de Californie et de Floride avaient dépensé toutes leurs réserves dans les catastrophes récentes et réduisent leur couverture.

L’Hémisphère Sud est frappé par la canicule, qui a provoqué la mort d’une fan de Taylor Swift lors de son concert à Rio, et de nombreux malaises. La chanteuse, pourtant jeune et sportive, apparaît très essoufflée dans cette vidéo : https://www.facebook.com/reel/272456248657091. En Australie, la région de Perth est frappée d’une chaleur à 40°C, inhabituelle dans le printemps austral. 

El Niño,  la surface minimale de glace de mer Antarctique l’hiver passé, et la température élevée des océans se conjuguent et mènent à ce niveau de réchauffement. 

Je pense que la dégradation de la glace de mer Antarctique en décembre 2022 et janvier 2023, conjuguée à une stratification accrue des océans,  a pu provoquer la température exceptionnellement élevée de la surface des océans au printemps 2023, ce qui a favorisé une le réchauffement de l’air dans les mois suivants. Ensuite, El Niño a commencé et, selon les prévisions, continuera en 2024.

La glace de mer Antarctique était heureusement assez étendue le mois passé, ce qui réduit un peu les risques pour les mois suivants.

L’OMM s’attend à ce que cette année soit la plus chaude de l’histoire, et que la prochaine la surpasse.  L’année 2025 devrait apporter un répit. 

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1 réponse »

  1. La communauté scientifique est unanime : c’est bien le CO2 anthropique qui a causé un sérieux déséquilibre climatique sur notre planète. Ce gaz a effet de serre a provoqué un début de réchauffement global de la planète. Mais ce réchauffement a lui-même entraîné une augmentation de la température des mers et océans avec pour conséquence une augmentation de l’évaporation de leur eau et donc une élévation du degré hygrométrique de l’atmosphère (que l’on appelle aussi ‘humidité relative). Hors, tout comme le CO2, H2O sous forme de vapeur est aussi un gaz ‘triatomique’… et donc un gaz à effet de serre… Mais la quantité de H2O vapeur dans l’atmosphère est de très loin plus importante que celle du CO2… En conclusion, je suis convaincu que le CO2 anthropique n’a fait qu’amorcer le phénomène de réchauffement de la planète et que c’est maintenant H2O vapeur qui a en quelque sorte pris le relais du CO2 dans cet effet de serre. Ceci signifie que diminuer et même arrêter complètement les émissions de CO2 anthropique ne servirait plus à grand chose maintenant car c’est bien trop tard : le déséquilibre ayant été crée c’est maintenant l’excès d’eau dans l’atmosphère qui a pris le relais du CO2 et qui va créer un emballement dans l’élévation de la température moyenne de la Terre….

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