Avec +1.092°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de novembre 2023 poursuit la série des records de chaleur. Le précédent record de 2020 (+0.775°C) est dépassé de 0.32°C. L’année 2023 sera la plus chaude jamais observée et le seuil de 1.5°C au-dessus de la température préindustrielle devrait être atteint sur la moyenne annuelle.
Les réanalyses comme ERA5 (ECMWF) intègrent de multiples observations dans un modèle permettant de suivre quasi quotidiennement l’évolution du climat. Elles sont produites par assimilation de données, un processus qui repose à la fois sur des observations et des modèles utilisant les lois de la physique et les observations passées. Les données sont actualisées de manière journalière, contrairement aux bilans mensuels des stations au sol.
Avec +1.092°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de novembre 2023 est de très loin le plus chaud des annales ERA5 qui remontent à 1979. Par rapport à la nouvelle période de référence 1991-2020 utilisée par ERA5, l’anomalie est de +0.854°C. Après juin, juillet, août, septembre et octobre c’est le 6e mois d’affilée marqué par un record de chaleur.
Le graphique ci-dessous montre les 10 anomalies globales les plus élevées jamais observées en novembre.
Les conditions El Niño sont actuellement présentes et devraient encore se renforcer au cours de l’hiver 2023-24. L’anomalie dans la région Niño 3.4 a atteint +2°C en novembre (le seuil La Niña est fixé à -0.5°C, le seuil El Niño à +0.5°C). D’après la moyenne des modèles, l’anomalie est attendue à 2°C sur novembre-décembre-janvier. Le seuil pour un événement qualifié de « fort » est de +1.5°C dans la région Niño 3.4.
Pour calculer la température mondiale par rapport à la période préindustrielle, il faut utiliser une autre archive que celle d’ERA5 car celle-ci remonte à 1979 seulement. L’archive du Met Office présente l’avantage de remonter aux années 1850. HadCRUT5 a récemment remplacé HadCRUT4 avec des améliorations dans la couverture globale et la mesure des températures de surface de la mer. Les données de HadCRUT5 sont utilisées ici pour calculer l’évolution d’ERA5 par rapport à la période préindustrielle (1850-1900).
L’anomalie de +1.092°C observée au mois de novembre 2023 par rapport à 1981-2010 correspond à +1.83°C au-dessus de la période 1850-1900. Après septembre et octobre 2023, c’est la troisième fois seulement qu’une anomalie mensuelle dépasse 1.7°C au-dessus de la période préindustrielle. Et c’est la première fois que le seuil de +1.8°C est dépassé sur un mois par rapport à 1850-1900. Des anomalies aux alentours de +1.5°C au-dessus de la période préindustrielle n’avaient jusqu’à présent été relevées qu’entre novembre et avril.
Les deux années les plus chaudes ont été 2016 et 2020 avec respectivement +1.337°C et +1.33°C au-dessus de la moyenne préindustrielle. La moyenne sur janvier-novembre 2023 est de +0.771°C au-dessus de 1981-2010, soit +1.477°C par rapport à 1850-1900. L’année 2023 sera donc la plus chaude depuis le début des relevés, devant 2016 et 2020. Le réchauffement lié à El Niño fera encore grimper l’anomalie mondiale d’ici la fin de l’année.
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Si décembre présente la même anomalie que Novembre, en effet, le seuil des 1,5°C sera dépassé sur la moyenne de 2023 selon ERA5. Reste à savoir si ce sera ponctuel ou pas, et je commence à me poser sérieusement la question. À la suite du el niño précédent, la température annuelle mondiale n’était plus jamais redescendue en dessous du niveau atteint en 2015, année de développement du courant. Si nous devions avoir le même profil d’évolution cette fois, cela signifierait que 2022 resterait la dernière année en dessous de +1,5°C. Le el niño 97-98 vient un peu modérer ce propos, mais il s’est produit il y a 25 ans et fut suivi d’un fort la niña; si réellement, comme le prétend un article récent sur ce blog, le réchauffement est en train d’accélérer, et si nous échappons à un la niña record, alors on constatera après coup que le seuil de +1,5°C aura été atteint de façon pérenne 10 ans plus tôt que ce qui était imaginé encore récemment.
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Normalement, on devrait voir encore une hausse de l’anomalie globale début décembre pour atteindre un niveau sans précédent par rapport à la période préindustrielle puis une forte baisse vers la fin de la première décade de décembre. Ensuite ça pourrait remonter. On se situera quoi qu’il arrive aux alentours de 1.5°C.
Pour ce qui est de l’accélération, je pense que cela pourrait être effectivement le cas si on prend en compte le déséquilibre énergétique aberrant des dernières années et le fait que la PDO soit encore fortement négative.
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Bonjour,
« puis une forte baisse vers la fin de la première décade de décembre »
Pourquoi ?
Egalement, comment expliquer votre différence (estimation supérieure au mois et à l’année) par rapport à Copernicus ?
Cordialement
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Bonjour,
La température globale oscille sur des périodes de quelques jours, les modèles prévoient une hausse dans les premiers jours de décembre, une baisse par la suite et cela pourrait repartir à la hausse après, tout simplement.
Pour ce qui est de Copernicus, il n’y a aucune différence. Les données sont tirées du même registre, ERA5. Je publie par rapport à 1981-2010, Copernicus par rapport à 1991-2020. De plus, je n’utilise pas l’arrondi, contrairement à Copernicus. Je télécharge les données tous les jours depuis la base de données ERA5 donc c’est la même source. Pour la référence à la température préindustrielle, il peut y avoir une légère différence. ERA5 n’a pas de données préindustrielles, l’archive est trop récente. Pour cela, il faut utiliser d’autres archives. Pour ma part, j’utilise celles du Met Office. Copernicus s’appuie sur une estimation légèrement différente peut-être mais le Met Office est la référence pour la période préindustrielle.
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Merci pour la réponse ! Mon interrogation venait du fait que j’avais lu un article dans le Monde ce matin concernant les T° de novembre et de 2023, et que les valeurs étaient inférieures par rapport à l’ère préindustrielle :
Extrait de l’article :
« Avec une moyenne de 14,22 °C à la surface du globe, le mois écoulé dépasse le record précédent de novembre 2020 de 0,32 °C. Le mois de novembre 2023 est par ailleurs 1,75 °C plus chaud que la moyenne d’un mois de novembre pour la période 1850-1900, qui correspond à l’ère préindustrielle. »
[…]
« Depuis janvier, la température moyenne est la plus chaude jamais mesurée sur les onze premiers mois de l’année : 1,46 °C au-dessus de la moyenne du climat de la période 1850-1900, et 0,13 °C au-dessus des onze premiers mois de 2016, l’année la plus chaude enregistrée jusqu’à maintenant. »
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Votre remarque est intéressante et c’est un point de réflexion dans ma méthodologie. Comme je l’ai précisé, j’utilise 1981-2010 comme référence au lieu de 1991-2020 qui est le nouveau standard. Pour éviter les confusions, je vais probablement passer à l’avenir sur 1991-2020. J’y était réticent car j’ai toujours publié par rapport à 1981-2010 et je craignais un manque de continuité dans mes publications.
Pour la période de référence préindustrielle, j’ai vérifié. J’utilise Met Office mais de son côté Copernicus utilise l’Organisation météorologique mondiale (OMM ou WHO en anglais) comme référence. L’OMM utilise le Met Office mais je crois aussi d’autres références, d’où la légère différence entre Copernicus et mon site (1,75 contre 1,83 pour novembre – 1,46 contre 1,477 pour l’année en cours)
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Salutation
Je me souviens d’une discussion animée de Michael Mann justement au sujet de la période dite «préindustrielle».
Je crois qu’il a même écrit un article à ce sujet.
La période industrielle a débuté avec le moteur à vapeur de James Watt -1750
La révolution industrielle quant à elle est apparue fin des années 1800
Physiquement, ça fait quand même une différence de 0,2°C ou 0,3°C de plus à la moyenne de 1880-1910, selon les études
_____________
Est-ce un manque de culture historique qui expliquerait pourquoi la révolution industrielle a été renommée à «période préindustrielle, ou est-ce un autre truc de marketing (relation publique)?
Je pose la question car j’ai étudié le marketing et donc la communication.
Et j’ai aussi vérifié l’histoire à ce sujet, mais dans un encyclopédie papier.
Je ne suis pas diplômé, mais c’était de cours de niveau universitaire.
Si possible, j’aimerais toujours voir la référence (1880-1910 ou proche) à laquelle on nous a habitué tout ce temps.
Ça permet de mieux suivre l’évolution historique, peut importe ce que dit le Met Office ou qui que ce soit.
J’imagine qu’il y a un simple calcul à faire pour permettre à vos lecteurs d’être informé le plus exactement possible.
Merci
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Bonjour,
Oui vous avez raison, la « véritable » période préindustrielle n’est pas celle qui est communément utilisée. Il s’agit d’une commodité car les plus anciennes archives de température globale remontent à 1850. Celle de la NASA ne remonte qu’à 1880. De mémoire, il a été effectivement suggéré dans des études que quelques dixièmes de plus pourraient être ajoutés aux relevés officiels.
Pour la mesure par rapport à 1880-1920, il m’est tout à fait possible de calculer l’anomalie en utilisant l’archive du Met Office, de la NASA ou de Berkeley Earth.
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Merci
Pour la réponse et pour les articles.
Je pense que c’est un point important afin que l’histoire se suive plus facilement pour la majorité
Je vous lis à chaque notif que je reçois sur Blogger
Bonne semaine à l’équipe
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Bonjour Johan,
J’ai l’impression que l’on attendra pas très longtemps avant de lire occasionnellement des anomalies moyennes sur un mois de 2 °C par rapport à la période préindustrielle dans la rubrique »Température mondiale actuelle » de ce blog. Actuellement dans cette rubrique, au 1 décembre, la seule donnée disponible d’anomalie de température frôle déjà le 2 °C. C’est vraiment spectaculaire ! Et pourtant dans les médias traditionnels c’est le silence absolu.
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Quel est l’intérêt de « faire glisser » la période de référence de 1981/2010 vers 1991/2020? Mécaniquement cela fera baisser le niveau des anomalies puisque l’on va exclure 10 années « froides » et inclure 10 années « chaudes ». Pour obtenir une analyse plus juste basée sur une moyenne, ne serait-il pas plus pertinent d’élargir le panel en se basant sur 1981/2020?
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C’est la recommandation de l’Organisation météorologique mondiale d’utiliser la période de 30 ans la plus récente. Je suis tellement habitué à 1981-2010 que cela me chagrine un peu de changer mon référentiel habituel mais c’est ainsi. Toutefois, cela n’affecte pas la référence à la période préindustrielle qui permet une certaine continuité. A noter qu’il peut y avoir des différences dans la manière de la calculer cependant.
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