Climat

El Nino encore réévalué !

Les prévisions de plusieurs modèles de référence tablent désormais sur un El Niño des très forte intensité d’ici la fin 2015. La force du phénomène, qui a émergé en mars dernier, reste encore incertaine mais elle n’a cessé d’être réévaluée ces derniers mois. Plusieurs modèles suggèrent désormais que les niveaux exceptionnels enregistrés en 1982-83 et 1997-98 pourraient même être dépassés.

El Niño est particulièrement précoce cette année et grossit depuis le début de l’été, laissant entrevoir un événement extrêmement marqué. Les indices de référence sont susceptibles de grimper à des niveaux jamais vus, selon les dernières prévisions des modèles.

Parmi ces indices figurent notamment les températures de surface de la mer dans la région clé 3.4 mais aussi les vents qui soufflent sur le Pacifique en fonction de la pression atmosphérique. El Niño est en effet un phénomène à la fois océanique et atmosphérique et les deux paramètres sont surveillés quotidiennement pour évaluer la force future de l’épisode.

Régions El Niño (source : NOAA)

Régions El Niño (source : NOAA)

Les températures de surface de la mer dans la région 3.4, au centre du Pacifique, sont considérées par la plupart des organismes comme le principal indicateur pour mesurer El Niño. Les températures dans la région Niño 3.4 n’étaient encore qu’à +1,1°C aux alentours du 20 mai dernier.  L’anomalie a grimpé à +1,5°C dans cette zone de l’océan au début du mois de juillet. Il s’avère que 1,5°C est précisément le seuil qui permet de parler d’un El Niño de forte intensité, si ce niveau perdure durant trois mois au moins. Les températures devraient continuer à grimper selon les modèles avec un pic d’ici la fin de l’année. Toute la question est de savoir quel niveau atteindra la température à son maximum.

Lors des deux plus forts El Niño observés depuis 1950 (date du début des relevés), l’indice atteint +2,3°C fin 1997 et 2,1°C en 1982. Ces niveaux pourraient être battus d’ici la fin 2015. La dernière prévision publiée par IRI et le CPC montre en effet que certaines courbes sortent même de l’échelle prévue par le graphique. La Nasa table sur +3,1°C entre novembre 2015 et février 2016… Les modèles NCEP CFS, ECMWF et Canadian Coupled Fcst Sys annoncent jusqu’à +3°C. Météo France, le Met Office et la JMA (Japon) prévoient aussi un événement de très forte intensité, entre 2,2°C et 2,8°C.

Prévisions des différents modèles pour la température de surface de la mer dans la région Nino 3.4 (Source IRI)

Prévisions des différents modèles pour la température de surface de la mer dans la région Nino 3.4 (Source IRI)

 

Un autre indice clé pour mesurer l’intensité d’El Niño et de La Niña  est l’indice de l’oscillation australe (Southern Oscillation Index ou SOI) calculée pour mesurer la différence de pression entre Tahiti et Darwin (en Australie). Des valeurs négatives de -8 sont souvent accompagnées d’un réchauffement du centre et de l’est du Pacifique et un affaiblissement des alizés (qui soufflent d’est en ouest). Inversement des valeurs de +8 sont liées à l’occurrence de La Niña et à de forts alizés qui poussent les eaux chaudes vers l’ouest du bassin océanique.  En mai et juin, l’indice SOI a atteint -13,7 puis -12. Les dernières valeurs ont dépassé les -20 en juillet mais il faut encore attendre si la tendance va se poursuivre. Des valeurs de -20 ont déjà été relevées dans l’histoire, notamment en 1997-98 et 1982-83. Ce niveau accompagne généralement les événements de forte intensité.

L’activité cyclonique sur le Pacifique a été boostée par des températures de surface de la mer particulièrement élevées : 11 tempêtes ont déjà été enregistrées entre janvier et la mi-juillet dans l’Atlantique et surtout dans l’est et au centre du Pacifique, un niveau record depuis 1950. Ces tempêtes et les coups de vent d’ouest qui les ont accompagné ont encore relevé les prévisions pour l’intensité d’El Niño. Les coups de vent d’ouest poussent en effet l’eau chaude vers l’est du Pacifique.

Un événement El Niño « fort » est capable d’élever la température mondiale de 0,2°C sur la moyenne annuelle. Peut-être un peu plus pour un événement extrême dépassant le niveau de 1997-98. La température en 2015 atteindrait ainsi un niveau record, sachant que 2014 a déjà été marquée par un pic de chaleur depuis le début des observations en 1880.

 

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