Quelques bilans de températures ont déjà été publiés pour février 2016. D’après les satellites utilisés par UAH et RSS, c’est le mois le plus chaud depuis le début des archives. La réanalyse NCEP-NCAR, qui intègre de multiples sources, fait également état d’un mois record équivalent à une anomalie de +1,67°C au dessus de la moyenne 1880-1899.

L’influence du phénomène El Niño sur la température mondiale est à son maximum. Le pic semble atteint ou est proche de l’être, si l’on se base sur le fort réchauffement des derniers mois et sur les archives climatiques.

De ce que l’on a déjà pu observer, l’un des faits significatifs est la hausse des températures calculées par les satellites. Les courbes d’UAH et RSS sont parfois utilisées pour contester la réalité du réchauffement climatique car la tendance est légèrement moindre que pour les stations au sol : de l’ordre de +0,12 à 0,14°C par décennie contre +0,17°C environ pour la Nasa ou la NOAA. Surtout, les satellites sont beaucoup plus sensibles à El Niño et le phénomène de 1997-98 avait boosté les données d’UAH et RSS à l’époque. D’où l’impression que le réchauffement avait ralenti depuis. C’était avant l’épisode El Niño 2015/2016.

L’Université d’Alabama à Huntsville (UAH) et la société RSS annoncent pour février 2016 les plus fortes anomalies jamais relevées avec respectivement +0,83°C et +0,86°C au-dessus de la moyenne 1981-2010. Les précédents records de 1998 sont nettement battus. Cette hausse était attendue en raison du phénomène El Niño en cours. L’impact d’El Niño a tendance à se traduire plus tard dans les données des satellites que dans celles des stations au sol. La Nasa, la NOAA et le Met Office avaient montré un réchauffement très important dès le mois d’octobre 2015.

Les chiffres bruts d’UAH et RSS  sont similaires pour le mois de février 2016, tout comme pour les archives du mois remontant à 1979 :

Température mondiale en février - écart à la moyenne 1981-2010 d'après RSS et UAH.
Température mondiale en février – écart à la moyenne 1981-2010 d’après RSS V3 et UAH V6 pour la basse troposphère.

Du côté de la réanalyse NCEP, les chiffres bruts calculés par rapport à 1981-2010 montrent un réchauffement encore plus important. Février 2016 pointe à +0,92°C alors que le précédent record, établi en 2010, n’était que de +0,37°C :

Température mondiale en février - écart à la moyenne 1981-2010. Source : NCEP-NCAR / ESRL.
Température mondiale en février – écart à la moyenne 1981-2010. Source : NCEP-NCAR / ESRL.

Si l’on ajoute à l’anomalie de la réanalyse NCEP-NCAR les données historiques de la Nasa pour février, on obtient une anomalie de +1,67°C au-dessus la période préindustrielle 1880-1890. Heureusement, il ne s’agit que d’une moyenne mensuelle. Et évidemment, les données ne proviennent pas des mêmes sources et sont donc à prendre à titre indicatif.

Il ne faut pas s’attendre non plus à un grand écart entre NCEP-NCAR et la Nasa. Car les chiffres publiés par la seule Nasa en janvier 2016 avaient déjà montré une anomalie de plus de 1,45°C. Rappelons que l’objectif de la communauté internationale est de ne pas dépasser les 2°C, voire les 1,5°C d’ici la fin du siècle.

Température mondiale en février d'après NCEP-NCAR par rapport à la période 1880-1899 (NASA).
Température mondiale en février d’après NCEP-NCAR par rapport à la période 1880-1899 (NASA).

Le dernier numéro de  Nature Geoscience aborde la question de la faisabilité des objectifs de +2 et +1,5°C au-dessus de l’ère préindustrielle. L’objectif de ne pas dépasser les 2°C implique de ne pas émettre plus de 1000 milliards de tonnes de CO2 au total. Le rythme d’émissions est actuellement de 47 milliards de tonnes par an. Le budget dont la planète dispose risque donc d’être largement entamé dans les 20 prochaines années si des efforts importants ne sont pas entrepris. Compte tenu du réchauffement déjà enregistré et de ce faible budget, l’engagement des 1,5°C semble difficile à tenir. D’après l’édito de Nature Geoscience, ce seuil des +1,5°C sera probablement dépassé au cours du siècle et il faudra alors « retirer du carbone de l’atmosphère », ce que la revue juge faisable.

Laisser un commentaire