James Hansen a été l’un des premiers à prévenir de la menace du réchauffement climatique en tant que directeur de l’institut Goddard des études spatiales (GISS), le principal laboratoire de science climatique de la NASA. Ses prévisions d’élévation des températures faites il y a près de 30 ans viennent d’êtres dépassées en ce début 2016.

James Hansen a démissionné du GISS de la NASA en 2013 afin de se consacrer à une lutte plus politique. Il a contribué dès les années 80 à établir les premières données relatives aux températures terrestres globales.

En 1988, James Hansen alertait déjà sur l’élévation des températures, jugeant hautement improbable qu’elle soit due à une simple fluctuation naturelle. A l’époque, le réchauffement global avait atteint 0,4°C par rapport à la période 1951-1980. Une augmentation qui dépassait la variabilité habituelle observée depuis le début des mesures instrumentales en 1880. James Hansen avait alors certifié devant le Sénat américain qu’il était certain à 99% que la tendance au réchauffement était réelle et non pas une simple fluctuation climatique.

Cette année 1988, James Hansen a également publié une étude dans le Journal of Geophysical Research, dans laquelle il présentait les résultats d’un des premiers modèles climatiques. Trois scénarios d’émissions de gaz à effet de serre y étaient exposés, A, B et C, du plus émetteur au moins émetteur. Celui qui se rapprochait le plus des émissions actuelles de CO2 était le scénario B qui tablait pour 2016 sur une concentration de 408 ppm, soit un petit peu plus qu’aujourd’hui (environ 404 ppm sur les premiers mois de 2016). Le scénario A tablait sur 412 ppm et le C sur 369 ppm.

La comparaison la plus intéressante est donc celle entre les observations instrumentales de la NASA et la prévision du modèle d’Hansen basée sur le scénario B de gaz à effet de serre. James Hansen a été critiqué au cours de sa carrière pour avoir exagéré le réchauffement lié au CO2 et la sensibilité climatique. L’évolution des températures au début du 21è siècle pouvait apporter des arguments à ses détracteurs.

Contrairement à d’autres scientifiques, James Hansen a lui-même reconnu que le rythme du réchauffement global avait ralenti – sans toutefois s’arrêter – dans la première décade du XXIe siècle. L’ancien directeur du GISS a imputé ce phénomène au refroidissement de l’océan pacifique tropical, se basant sur une étude de Kosaka et Xie publiée dans la revue Nature : sans ce refroidissement dans le Pacifique, il n’y aurait pas eu de pause du réchauffement.

D’ailleurs, la situation a changé dans le Pacifique récemment. A la faveur de ce revirement, l’année 2015 et surtout le début de 2016 montrent que les observations sont tout à faire comparables avec le scénario B, comme on peut le voir ci-dessous sur le graphique tiré de son étude (voir la courbe du milieu). Dans la prévision d’Hansen faite en 1988, on observe que l’année 2015 est annoncée à +1°C et 2016 retombe légèrement à +0,94°C.

Dans les faits, 2015 a été marquée par un record de chaleur avec +0,87°C et les 4 premiers  mois de 2016 ont flambé à +1,21°C. Même si le chiffre de 2016 n’est que provisoire, la moyenne sur les deux années est au-dessus de qui était prédit dans le scénario B.

Température annuelle mondiale par rapport à la moyenne 1951-1980 (Hansen, 1988).
Température annuelle mondiale par rapport à la moyenne 1951-1980 (Hansen, 1988).

 

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