Les émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’énergie devraient encore croître en 2018 après avoir atteint un niveau record en 2017, d’après le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
« Je suis désolé, j’ai une très mauvaise nouvelle » s’est excusé Faith Birol, le directeur de l’AIE, lors d’un débat organisé à l’ambassade de Pologne à Paris.
« Les émissions cette année vont encore augmenter, et la COP24 va se tenir alors que les émissions mondiales atteindront un niveau record« . La COP24 est prévue en décembre à Katowice (Pologne).
La réunion de Katowice est censée finaliser l’accord de Paris qui entrera en vigueur en 2020 et appelle à limiter le réchauffement climatique « bien en dessous » de 2°C , voire 1,5°C si possible.
En 2017, les émissions de CO2 liées à la combustion des énergies fossiles étaient déjà reparties à la hausse. Après trois années de stagnation, la double augmentation de 2017 et 2018 montre que le pic tant attendu n’a peut-être pas été atteint. Le secteur de l’énergie représente 80% du total des émissions de CO2 avec trois postes majeurs : le pétrole, le charbon et le gaz.
On peut voir ci-dessous l’estimation préliminaire pour 2018 (en violet) communiquée par Faith Birol :

La notion de concentration de CO2 est à distinguer de ces chiffres concernant les émissions de CO2. Les émissions représentent ce qui entre dans l’atmosphère en raison des activités humaines, la concentration indique ce qui reste dans l’atmosphère au terme des interactions entre l’air, la biosphère et les océans.
D’une année à la haute, la hausse concentration peut accélérer ou ralentir en raison de phénomènes naturels comme El Nino, ce qui signifie que la tendance n’est pas forcément exactement la même que pour les émissions de CO2 liées à la combustion des énergies fossiles.

Du point de vue des lois de la physique et de la chimie, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 ºC est possible, mais il faudrait, pour la réaliser, des changements sans précédent, d’après le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat publié le 8 octobre. Au rythme actuel, le seuil de 1,5°C serait atteint entre 2030 et 2052.
Pour rester sous 1,5°C de réchauffement, il faudrait une baisse émissions de CO2 de 45% d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 2010 pour parvenir à un bilan nul des émissions aux alentours de 2050.
Sur Twitter, Faith Birol a commenté : « Le monde ne se dirige pas vers les objectifs de l’accord de Paris exigeant des émissions à pic dès que possible, il s’en éloigne« .
« Alors que les énergies renouvelables ont fortement augmenté, leur croissance n’est pas assez importante pour inverser les tendances des émissions de CO2« , a-t-il ajouté. « Nous avons besoin de plus d’énergies renouvelables (y compris plus de bioénergie), plus d’efficacité énergétique et une gamme d’autres technologies et sources de carburant pour corriger la tendance. »
En 2017, la consommation mondiale d’énergie primaire avait avoisiné les 14 050 Mtep selon l’AIE, ce qui correspond à une hausse de 2,1% par rapport à 2016 et de 40% par rapport à 2000. La part des énergies fossiles dans la demande énergétique mondiale est à un niveau stable depuis plus de trois décennies malgré la forte croissance des énergies renouvelables.
La consommation de charbon avait augmenté de près de 1% en 2017, après deux années de déclin, en raison d’une forte demande asiatique pour sa production d’électricité. Les consommations de pétrole et de gaz naturel au niveau mondial avaient quant à elles respectivement augmenté de 1,6% et 3%. La production du parc nucléaire mondial avait augmenté de 3% .
Les énergies renouvelables ont représenté près d’un quart de la hausse de la consommation mondiale l’an dernier. Leur développement est tirée par les filières productrices d’électricité (+6,3% en 2017), en particulier par l’éolien, le solaire photovoltaïque et l’hydroélectricité.

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