Voici une première salve de bilans de température pour l’année 2019. La moyenne tirée des satellites et des réanalyses permet de dire que 2019 se classe au deuxième rang de l’ère instrumentale.
Les données de température annuelle de l’année 2019 sont disponibles pour les satellites (UAH, RSS) et deux réanalyses (NCEP-NCAR, ECMWF). La NASA, la NOAA, le Met Office, Berkeley Earth et JMA, qui utilisent des stations au sol, publieront leurs résultats dans le courant du mois de janvier.
Sur global-climat, les deux archives publiées sur une base régulière sont NCEP-NCAR et NASA Gistemp. La réanalyse NCEP-NCAR, disponible à J+2, permet un suivi journalier. La NASA est avec le Met Office et la NOAA la plus citée des archives. Des trois, NASA Gistemp est celle qui propose la couverture la plus globale (comprenant les régions polaires).
Je propose ici une moyenne conçue à partir de quatre jeux de données déjà publiés (UAH, RSS, NCEP-NCAR, ECMWF). Les anomalies proposées ici sont toutes relatives à la période 1981-2010. La moyenne sera agrémentée dans quelques jours des données venues des stations au sol pour compléter le bilan. Il m’a semblé nécessaire de comparer les archives par rapport à la même base afin d’éviter une confusion dans les anomalies présentées par les différentes agences. Le début de l’archive a été fixé à 1979, date du début des relevés satellites.
L’un des intérêts de proposer une moyenne des différents bilans sur une même base est de répondre aux tentatives climato-sceptiques d’exploiter les différences entre les données. Une stratégie qui se limite bien souvent à mettre en avant UAH, l’archive montrant le réchauffement le moins marqué. Si on prend en compte la moyenne des quatre archives disponibles en ce début janvier, l’année 2019 ressort bien comme la 2e plus chaude des annales.
Les différents types de données
Les données mensuelles de température de surface (NASA, NOAA, Berkeley Earth, JMA) sont disponibles en général avec un décalage d’une quinzaine de jours et on devra encore patienter un peu pour avoir les résultats définitifs. Elles sont recueillies par un réseau mondial de stations météorologiques, de navires et de bouées. Ce réseau mesure la température de l’air au-dessus des terres et la température de la surface de la mer. Les méthodes utilisées par les différents groupes ne sont pas identiques.
Une différence majeure entre les ensembles de données est la manière dont les divers instituts gèrent un échantillonnage géographiquement inégal – il y a plus de stations météorologiques dans les latitudes moyennes de l’hémisphère nord et moins dans les tropiques et près des pôles. Il existe une différence dans le degré de sophistication avec lequel ils tentent de combler les lacunes du réseau de stations.
Outre les ensembles de données traditionnels basés sur les mesures de température de surface, il y a aussi des réanalyses atmosphériques (NCEP-NCAR, ECMWF), qui utilisent une gamme d’observations beaucoup plus large, notamment des données satellitaires combinées à un modèle de prévision météorologique, pour produire une analyse de la température globale complète.
Autre méthode, celle basée sur les relevés satellites. Les données sont publiées par deux organismes, RSS (de la société privée Remote Sensing Systems) et UAH (université américaine, située à Huntsville). Les satellites ne mesurent pas directement la température à la surface du sol, mais interprètent la température de la basse troposphère. Des sondeurs récupèrent les profils de température verticaux de l’atmosphère en mesurant l’émission thermique de molécules d’oxygène à différentes fréquences. De fait, il ne s’agit pas d’une véritable mesure brute de température, ce qui explique les divergences entre UAH et RSS.
Les données des sondeurs doivent être converties en estimations des tendances de la température et présentent des incertitudes importantes. UAH et RSS utilisent les mêmes instruments mais un traitement différent conduit à des différences notables dans l’estimation de la température globale.
Le bilan des réanalyses
NCEP-NCAR et ECMWF (ERA-5) placent tous deux 2019 à la deuxième place des annales derrière 2016 avec respectivement +0,57°C et +0,59°C au-dessus de la période 1981-2010. Dans les deux cas, le record remonte à 2016, année marquée par un épisode El Niño extrême.

Le bilan des satellites
RSS place 2019 à la deuxième place avec +0,594°C au-dessus de la moyenne 1981-2010. UAH met 2019 en troisième position avec +0,441°C. Comme pour les deux réanalyses, le record a été enregistré en 2016. On peut le voir ci-dessous, les satellites sont sensibles à El Niño. Comme on l’a dit, les satellites ne mesurent pas directement la température à la surface du sol, mais interprètent la température de la basse troposphère.

La moyenne des réanalyses et des satellites
On peut voir ci-dessous le classement des 10 années les plus chaudes depuis le début des mesures selon la moyenne des satellites (UAH, RSS) et des réanalyses (ECMWF, NCEP-NCAR). Les cinq années les plus chaudes ont été observées ces cinq dernières années, avec ou sans le concours d’El Niño.

La moyenne globale par rapport à la période préindustrielle
Pour comparer les températures mondiales récentes au niveau préindustriel 1850-1900 tel que défini dans le rapport spécial du GIEC sur le «Réchauffement de la planète de 1,5°C», il convient d’ajouter 0,63 °C à ces valeurs. Ce qui donnerait une température globale de +1,18°C en 2019 en prenant en compte la moyenne des données NCEP-NCAR (+1,20°C), ECMWF (+1,22°C), RSS (+1,22°C) et UAH (+1,07°C).
Un bilan plus complet sera proposé d’ici fin janvier quand les relevés des stations au sol seront disponibles.

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