Climat

Température mondiale : 3e mois d’avril le plus chaud, d’après NCEP-NCAR

Avec +0,543°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois d’avril 2020 est le 3e plus chaud des archives NCEP-NCAR. L’année 2020 se situe toujours dans la continuité de 2019.

Les réanalyses comme NCEP-NCAR intègrent de multiples observations dans un modèle permettant de suivre quasi quotidiennement l’évolution du climat. Les données sont donc immédiatement publiées, contrairement aux bilans mensuels des stations au sol. Les réanalyses permettent ainsi de se faire une idée des futures annonces des agences comme la NASA et la NOAA qui ne sont pas faites avant le milieu du mois suivant (en l’occurrence à la mi-mai).

Le top 10 des mois d’avril les plus chauds

Avec +0,543°C au-dessus de la moyenne 1981-2010,  le mois d’avril 2020 est le 3e plus chaud des annales NCEP-NCAR qui remontent à 1948. L’anomalie de température mondiale est en hausse par rapport à mars 2020 (+0,457°C). Les six mois d’avril les plus chauds sont tous postérieurs à 2010.

Top 10 des mois d’avril les plus chauds depuis 1948 (anomalies par rapport à 1981-2010). D’après NCEP-NCAR.

On peut voir ci-dessous l’évolution de la température mondiale en avril avec une tendance de fond au réchauffement depuis 1948. La tendance est de +0,152°C par décennie depuis 1948, avec une accélération sur les 20 dernières années à +0,24°C par décennie.

Anomalies de température mondiale en avril par rapport à la moyenne 1981-2010. D’après NCEP-NCAR.

L’année 2020 à la troisième place 

Dans ce classement provisoire, les quatre premiers mois de 2020 sont comparés à des années pleines. 2020 se situe pour le moment à la troisième place des années les plus chaudes, sachant que le record de 2016 est en partie dû à un El Niño extrême.

Top 10 des années les plus chaudes depuis 1948. Anomalies par rapport à la moyenne 1981-2010. D’après NCEP-NCAR.

Les anomalies régionales en avril 2020

L’anomalie dans l’hémisphère nord (+0,6°C) est la 4e plus élevée des archives avec des températures élevées pour la saison en Arctique, au niveau de ce qui avait été observé en 2016. L’hémisphère sud enregistre également la 4e anomalie la plus importante depuis 1948 (+0,481), avec des anomalies en nette hausse en Antarctique par rapport au mois de mars.

Des conditions ENSO neutres prévalent actuellement dans le Pacifique, d’après la NOAA. Les températures de surface de la mer équatoriale sont quand même supérieures à la moyenne dans l’océan Pacifique. La circulation atmosphérique tropicale est compatible avec des conditions ENSO-neutre. Cette situation devrait perdurer lors de l’été 2020 au sens de l’hémisphère Nord (~ 60% chance), et se poursuivre jusqu’à l’automne.

Carte d’anomalies pour le mois d’avril 2020. D’après NCEP-NCAR.

+1,23°C en avril 2020 par rapport à l’ère préindustrielle

On peut remonter plus loin dans le temps, en utilisant les archives de la NASA, et en retenant comme base la période 1880-1899 (représentative de la période préindustrielle). L’anomalie est de +1,23°C en avril 2020, sous l’objectif le plus ambitieux de la COP 21 (+1,5°C).

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11 réponses »

  1. D’après le Copernicus, avril 2020 serait même à la 2ème place des mois d’avril les plus chauds, pratiquement à égalité avec 2016.
    Sinon, des chercheurs de l’université du Texas estiment, sur la base de simulations numériques, que le réchauffement climatique pourrait ressusciter un courant périodique équatorial chaud type « el niño », mais dans l’océan indien! L’Afrique de l’est connaîtrait alors des sécheresses intenses et l’Indonésie et l’Australie occidentale, des inondations:
    https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-rechauffement-climatique-va-reveiller-phenomene-el-nino-disparu-80927/

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    • Exact, 2e rang pour ERA5. Pour UAH et RSS (satellites), c’est une 4e place.
      J’aurais tendance à faire confiance à ERA5 en général. Avec NASA Gistemp et NOAA Mlost, ERA5 est la série qui affiche la meilleure corrélation avec la moyenne des différentes archives de températures. C’est en outre une réanalyse de dernière génération, contrairement à NCEP, qui a le mérite de publier des données quotidiennement.
      D’ailleurs, Maignial, est-que ça vous intéresserait, vous ou d’autres, d’avoir un bilan plus large que NCEP et NASA, que je rapporte habituellement ?

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  2. Oui je serais preneur, notamment des chiffres de ERA5 qui semblent permettre de bien mieux anticiper ceux de la NASA ou du HadCRUT, même s’il faut attendre un ou deux jours de plus qu’avec NCEP. Je serais aussi particulièrement intéressé par les données de AIRS, que je n’ai pas encore explorées (je ne sais pas si c’est facile à trouver). ça permettrait d’avoir une meilleure résolution spatiale tout en ayant, je pense, des résultats globaux proches de ceux de la NASA et avec quelques jours d’avance.

    En tout cas, merci Johan pour tout ce boulot! ça fait quelques années que je lis votre blog très régulièrement et je n’ai encore jamais été déçu 😉

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    • C’est noté. Merci à vous Maignial et à ceux qui apportent des contributions qui me permettent de savoir ce qui intéresse le plus dans les données.
      ERA5 permet en effet de mieux anticiper les chiffres de la NASA, même si NCEP-NCAR suit grosso modo les variations mensuelles des autres archives de températures.
      Pour les données infrarouges AIRS, la dernière publication, il me semble, est celle-ci : https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/aafd4e/pdf
      Pour les données originales, c’est plus difficile. On les trouve normalement là : https://acdisc.gesdisc.eosdis.nasa.gov/data/Aqua_AIRS_Level3/AIRS3STM.006/
      Il faut avoir un compte Earth Data (https://disc.gsfc.nasa.gov/data-access) et autoriser le téléchargement des données puis disposer d’un logiciel qui permet de les sortir. La procédure est expliquée sur le site mais complexe. J’ai essayé mais je n’ai pas réussi à extraire des anomalies, seulement des valeurs brutes, comme ci-dessous :

      Pour calculer les anomalies, il faudrait que je télécharge tous les mois de l’archive qui remonte à 2002. Puis, à supposer que je suive bien la procédure, calculer une climatologie permettant de déduire les anomalies. Les fichiers font quand même 410M.

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        • C’est trop fort Maignial. Merci d’avoir posé la question. En faisant des recherches, je viens de me rendre compte que la Nasa vient d’ajouter (en mars, je crois) les données AIRS sur le site de GISS et envisage de mettre les données en accès plus détaillé prochainement. C’est ici : https://data.giss.nasa.gov/gistemp/maps/index_v4.html
          C’est simple comme bonjour. Il suffit de sélectionner dans Data sources : « Remote Sensed Surface Temperature Anomaly ». Voici la carte du mois de mars 2020 pour AIRS.

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