Climat

Six fois plus de vagues de chaleurs simultanées depuis les années 1980

Le nombre de vagues de chaleur de grande étendue survenant simultanément en plusieurs points de l’hémisphère Nord a été multiplié par six entre les années 1980 et les années 2010.

Plusieurs vagues de chaleur survenant au même moment peuvent avoir des conséquences sociétales plus graves qu’un seul événement. Si les vagues de chaleur constituent une menace majeure pour la santé humaine et les écosystèmes, les épisodes extrêmes simultanés touchant plusieurs régions peuvent aggraver ces menaces. Par exemple, les régions productrices de denrées alimentaires peuvent subir simultanément des pertes de récoltes liées à la chaleur.

Des vagues de chaleur concomitantes peuvent aussi épuiser la capacité des pays à s’entraider en cas de crise, comme on l’a vu lors des multiples incendies de forêt aux États-Unis, au Canada et en Australie, associés aux vagues de chaleur de 2019 et 2020.

Une nouvelle étude publiée dans « Journal of Climate » montre que le nombre de vagues de chaleur simultanées a été multiplié par six entre les années 1980 et 2010 dans l’Hémisphère Nord.

Cette étude dirigée par Cassandra Rogers, de l’Université d’Etat de Washington, définit les grandes vagues de chaleur comme des événements de température élevée (au-dessus du 90e perceptible) qui durent trois jours ou plus et couvrent au moins 1,6 million de kilomètres carrés, ce qui équivaut à peu près à trois fois la taille de la France.

Les chercheurs ont analysé les données ERA5 produites par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme. La réanalyse ERA5 combine de grandes quantités de données d’observation provenant de stations météorologiques terrestres, de bouées et d’avions, ainsi que des données satellitaires, avec des modèles de prévision météorologique. ERA5 fournit des estimations globales de diverses variables climatiques depuis 1979, date à laquelle les données satellitaires sont devenues disponibles.

Source : Cassandra Roger et al. (Journal of Climate)

Outre une fréquence plus élevée, l’article montre que sur les 153 jours de la période chaude (mai à septembre), il y a eu des vagues de chaleur simultanées pendant 143 jours dans les années 2010, soit presque tous les jours.

Les épisodes de chaleur simultanés ont également gagné en chaleur et en ampleur : leur intensité a augmenté de 17 % et leur étendue géographique de 46 %.

D’après les auteurs de l’étude, le principal moteur des vagues de chaleur est l’augmentation globale de la température moyenne mondiale due au changement climatique. La planète s’est réchauffée d’environ 1,2°C depuis la période préindustrielle avec une accélération depuis 1975.

Si la tendance au réchauffement global est le principal facteur, les chercheurs ont également constaté que l’apparition croissante de deux schémas de circulation à l’échelle de l’hémisphère rendait certaines régions plus vulnérables aux vagues de chaleur simultanées, notamment l’est de l’Amérique du Nord, l’est et le nord de l’Europe, l’Asie de l’Est et la Sibérie orientale. Il y aurait donc aussi une influence du réchauffement sur la circulation atmosphérique, par le biais de modifications du courant-jet. La variabilité météorologique quotidienne des latitudes moyennes est notamment le fruit de la dynamique du courant-jet, ce qui entraîne une covariabilité des conditions météorologiques dans les régions éloignées.

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2 réponses »

  1. Si on admet que la tendance actuelle se poursuive, en 2060 nous pourrions avoir des vagues de chaleur simultanées toute l’année dans l’hémisphère nord (même si ça concernerait les zones tropicales et subtropicales en hiver j’imagine) et 10 vagues de chaleur simultanées en moyenne à chaque jour de vague de chaleur. Bon, c’est une anticipation à la louche. Mais quand on se rappelle des dégâts générés par la canicule de juin 2019 en France, on comprend aisément que si ce type d’évènement se généralise, on va se retrouver en situation de pénurie même dans les pays riches.

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  2. C’est étrange de se limiter de mai à septembre.
    Le tableau aurait été plus sombre sur toute l’année, on parle bien de vague de chaleur en Alaska et au Groenland en ce moment., non ?

    Au fait, la superficie de la mer de glace en Antarctique frise le plus bas de 2016/2017. Les angoisses à propos de la robustesse du Thwaites résurgissent.
    Tout va bien.

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