La Grande Barrière de corail a été frappée par un sixième épisode de blanchissement massif des coraux, selon l’autorité australienne du parc marin. Les relevés aériens montrent que presque aucun récif n’échappe à la chaleur. C’est la première fois qu’un blanchissement massif se produit au cours d’une année La Niña normalement supposée être une période de récupération pour les coraux.
Le changement climatique est à l’origine de vagues de chaleur marines plus fréquentes dans le monde entier. Les coraux se sont adaptés pour vivre à une température spécifique. Ainsi, lorsque la température de l’océan est trop élevée pendant une période prolongée, les coraux peuvent blanchir. Quand ils perdent les algues colorées qui vivent dans leurs tissus et les nourrissent par photosynthèse, ils peuvent finir par mourir.
Le corail est essentiel à la biodiversité des fonds marins. Ces récifs occupent moins de 0,25% des fonds marins mondiaux mais abritent plus de 25% des espèces marines mondiales.
Les scientifiques ne s’attendaient pas à un blanchissement durant une année La Niña. Le blanchissement massif et généralisé des coraux du récif a été observé pour la première fois en 1998, et s’est reproduit en 2002, 2016, 2017, 2020 et maintenant 2022, pendant des conditions La Niña.

La Reef Authority, en collaboration avec ses partenaires de l’Australian Institute of Marine Science, a effectué des relevés aériens sur un échantillon représentatif de 750 récifs de la Grande Barrière de Corail.
Les enquêtes aériennes sont une méthode standard qui fournit la meilleure image de l’étendue spatiale complète de la gravité du blanchissement sur de nombreux récifs dans une grande zone représentative du parc marin de la Grande Barrière de corail.
Le blanchissement observé depuis les airs montre la répartition spatiale du stress thermique subi par la barrière de corail.
Le blanchissement du corail a été observé sur de multiples récifs dans les quatre zones de gestion (le Grand Nord, Cairns-Cooktown, Townsville-Whitsunday et Mackay-Capricorn), confirmant un événement de blanchissement de masse, le quatrième depuis 2016. Dans le Grand Nord, le blanchiment est variable selon les récifs et va de mineur à sévère. Dans les régions du Nord et du Centre, le blanchiment est le plus souvent sévère. Les récifs du sud présentent surtout un blanchissement mineur.
Si les conditions se modèrent, les coraux blanchis peuvent se remettre de ce stress, comme cela a été le cas en 2020 où la mortalité corallienne associée à un événement de blanchissement de masse a été très faible.
Les conditions météorologiques des deux prochaines semaines restent critiques pour déterminer l’étendue et la gravité globales du blanchissement des coraux dans l’ensemble du parc marin.
D’ici à la fin de l’année, les scientifiques effectueront des contrôles dans l’eau pour voir combien de coraux ont survécu et retrouvé leur couleur.
Les scientifiques ont commencé à tirer la sonnette d’alarme pour l’événement de cette année dès le mois de décembre, lorsque les températures océaniques au-dessus du récif ont atteint un niveau record.
Des études ont montré que le stress thermique peut avoir plusieurs effets « sublétaux » sur les coraux, notamment en les rendant plus sensibles aux maladies, en ralentissant leur croissance et en limitant leur capacité à se reproduire.
Dans un rapport de 2018, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a prédit que 1,5°C de réchauffement climatique entraînerait la disparition de 70 à 90 % des récifs coralliens de la planète.
D’après une étude publiée dans la revue PLOS Climate, de 1986 à 2019, 84 % des récifs du monde offraient un refuge thermique suffisant. Cela signifie que les coraux avaient suffisamment de temps pour se rétablir entre deux épisodes de blanchissement. Avec un réchauffement climatique de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, il ne resterait plus que 0,2 % de ces refuges. À 2°C de réchauffement, les refuges thermiques des récifs coralliens n’existeront plus.

Seuls 6,8 % des récifs ont été exposés au cours de la période 1986-2019, ce chiffre passant à 90,6 % et 99,7 % à 1,5°C et 2,0°C de réchauffement, respectivement. À 3,0°C et 4,0°C, il n’y a pas de refuges thermiques et tous les pixels récifaux mondiaux sont exposés.
Catégories :Climat
Heureusement, c’est la fin de la saison chaude dans l’hémisphère sud. La température de l’océan va commencer à chuter et je crois que les coraux vont en réchapper, cette fois. Mais lors du prochain el niño, ce sera une autre histoire…
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C’est emblématique. Et acté malgré tous les efforts. Les coraux vont bien plus profondément.
L’Australie, enfin ses grands manitous aux commandes qui savent tout tel Hunt il y a quelques années, s’en foutait de cet écosystème dans son secteur – ça les arrangerait même aujourd’hui que cela disparaisse définitivement, avec l’unesco-vitrine, de l’équation. Et c’est économiquement justifié.
Le plus ironique dans l’histoire c’est que si cela se produit globalement, le retour de géants miniers à l’appétit insatiable pour racler ces faibles fonds jusqu’aux abysses afin d’en goûter/s’imposer les promesses superflues, et si les conséquences ne feront qu’enfoncer le clou en mettant à sac ce qu’on ne peut voir (habitat, effets fertilisant, régulateurs pour d’autres micro organismes et que sais-je sinon que ça sera réduit à néant), ils annonceraient bien que le but est de «sauver la planète».
Orwellisme.
Statu quo… aucune issue.
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