Climat

Antarctique : record d’extension minimale de la glace de mer

Le 21 février, la glace de mer de l’Antarctique a probablement atteint son extension minimale annuelle avec 1,79 million de kilomètres carrés, selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC). C’est un nouveau record pour la deuxième année consécutive et ce n’est que la deuxième année où l’étendue de l’Antarctique tombe en dessous de 2 millions de kilomètres carrés depuis le début des mesures satellites en 1979. Le précédent record établi le 25 février 2022 était de 1,92 million de kilomètres carrés.

Le graphique ci-dessous montre les données quotidiennes de l’extension de la glace de mer de l’Antarctique du 1er janvier au 26 février pour chaque année depuis 1990 avec la courbe en rouge représentant les données de 2023.

Données journalières d’extension de la glace de mer (en millions de km carrés) dans l’hémisphère sud du 1er janvier au 26 février pour chaque année de 1990 à 2023 (courbe en rouge pour 2023). Source : NSIDC

L’extension minimale de 2023 est inférieure de 1,05 million de kilomètres carrés à la moyenne de 1981 à 2010. Presque toute la glace restante se trouve dans la mer de Weddell, avec des zones isolées le long des côtes de la princesse Astrid et de la princesse Ragnild, ainsi que dans les régions de la Terre de Wilkes et de la baie de Pine Island.

La carte ci-dessous montre l’extension de la glace de mer de l’Antarctique avec la délimitation orange représentant l’extension moyenne sur la période 1981-2010 pour comparaison.

Carte d’extension de la glace de mer le 21 février 2023 avec moyenne 1981-2010 délimitée en orange. Source : NSIDC

L’extension minimale de l’Antarctique a été atteinte trois jours plus tôt que la date médiane de 1981 à 2010, qui est le 24 février.

La fonte de la glace de mer n’a pas d’impact perceptible sur le niveau de la mer parce que la glace est déjà dans l’eau de l’océan.

En revanche, la fonte de la glace de mer expose les plateformes de glace plus épaisses de l’Antarctique. L’amincissement des plateformes de glace flottantes autour de l’Antarctique accélère l’écoulement des glaciers vers l’océan, contribuant ainsi à l’élévation du niveau de la mer. 

Sur l’ensemble de l’enregistrement satellite, la tendance à la baisse de l’extension minimale annuelle de la banquise antarctique est de 2 800 kilomètres carrés par an, soit une baisse de 1 % par décennie par rapport à la moyenne de 1981 à 2010, mais cette tendance n’est pas statistiquement significative. Cette évolution contraste avec l’Arctique où la tendance à la baisse de l’extension minimale de la banquise est plus importante et significative sur le plan statistique, selon le NSIDC.

Une oscillation antarctique positive a conduit à des vents d’ouest plus forts que la moyenne. Avec une dépression de la mer d’Amundsen prononcée, les conditions météorologiques ont apporté de l’air chaud à la région des deux côtés de la péninsule antarctique. Cela a largement éliminé la couverture de glace dans les mers d’Amundsen et de Bellingshausen, et a réduit l’étendue de la glace de mer dans le nord-ouest de la mer de Weddell.

L’étendue de la glace de mer de l’Antarctique a été très variable au cours des dernières années. Alors que 2022 et 2023 ont connu des niveaux anormalement bas, quatre des cinq minimums les plus élevés se sont produits depuis 2008. Compte-tenu des variations entre 1979 et 2023, il reste encore à déterminer si les niveaux récents de glace de mer dans l’hémisphère sud s’inscrivent dans une tendance à la baisse significative.

Il faudra donc davantage de recul pour dire si la tendance à la baisse de la glace de mer de l’Antarctique est un signe du réchauffement climatique.

Pour ce qui est des glaciers de l’Antarctique, l’impact du réchauffement se fait déjà clairement sentir. La perte de masse totale de l’Antarctique est aujourd’hui six fois plus rapide qu’il y a quarante ans. La fragilité de l’Antarctique de l’Ouest est avérée et la contribution du voisin de l’Est,  réputé plus stable, pourrait réserver des surprises.

Dans l’hémisphère nord, la glace de mer n’affiche pas de record pour la saison mais se situe quand même à des niveaux historiquement bas. Comme on l’a dit, la tendance de long terme est à un déclin rapide dans cette région du globe.

Le graphique ci-dessous montre les données quotidiennes de l’extension de la glace de mer de l’Arctique du 1er janvier au 26 février pour chaque année depuis 1990 avec la courbe en rouge représentant les données de 2023.

Données journalières d’extension de la glace de mer (en millions de km carrés) dans l’hémisphère nord du 1er janvier au 26 février pour chaque année de 1990 à 2023 (courbe en rouge pour 2023). Source : NSIDC

Ensemble, les deux hémisphères sont à niveau record. Le graphique ci-dessous montre les données quotidiennes de l’extension de la glace de mer cumulées de l’Arctique et de l’Antarctique du 1er janvier au 26 février depuis 1990 avec la courbe en rouge représentant les données de 2023.

Données journalières d’extension de la glace de mer (en millions de km carrés) cumulées dans l’hémisphère sud et l’hémisphère nord du 1er janvier au 26 février pour chaque année de 1990 à 2023 (courbe en rouge pour 2023). Source : NSIDC

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5 réponses »

  1. Voilà la tendance sur la période 1979-2023 de l’extension de la banquise antarctique en février selon le NSIDC:

    Effectivement, la tendance de long terme est faible par rapport à la variabilité interannuelle. Difficile d’y voir clair. Il se peut que les doutes soient levés très rapidement si les deux ou trois années qui viennent sont au même niveau que les deux années passées, mais la prudence reste de mise.

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