D’après l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il y a 98% de chances que l’une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée, battant l’année record de 2016. La probabilité qu’au moins une des cinq prochaines années dépasse 1.5 °C au-dessus des niveaux préindustriels est estimée maintenant estimée à 66%.

Une mise à jour de la prévision climatique mondiale est publiée chaque année par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). La dernière édition fournit une synthèse des prévisions produites par les centres partenaires de l’OMM pour la période 2023-2027.

D’après la mise à jour mondiale annuelle à décennale sur le climat produite par le Met Office et l’Organisation météorologique mondiale, les cinq prochaines années (2023-2027) seront très probablement (98% de chances) plus chaudes que la moyenne des cinq dernières années (2018-2022). La probabilité de voir un record de chaleur dans les 5 prochaines années est également de 98%. A noter que sur le graphique ci-dessous, la période de référence est 1991-2020, qui est déjà 0.88°C plus élevée que la période 1850-1900.

La température moyenne mondiale en 2022 était d’environ 1.15 – 1.2°C°C (selon les séries de données) au-dessus de la moyenne de 1850-1900. L’influence refroidissante des conditions de La Niña pendant une grande partie des trois dernières années a temporairement freiné la tendance au réchauffement à long terme. Cependant, La Niña a pris fin en mars 2023 et un El Niño est prévu pour se développer dans les mois à venir. Typiquement, El Niño augmente les températures mondiales l’année suivant son développement. Dans ce cas, ce serait principalement en 2024 qu’il y aurait le plus de chances de voir des températures extrêmes à la surface du globe.

Prises individuellement, les cinq prochaines années devraient afficher une température annuelle comprise entre 1.1 °C et 1.8 °C au-dessus des niveaux préindustriels. La fourchette basse (1.1°C) n’est pas surprenante dans la mesure où il faut remonter à près de 10 ans en arrière pour trouver une année plus froide que 1.1°C. De même, la fourchette haute apparaît comme relativement improbable en l’état. Ces deux bornes ont peu de chances de se réaliser et le plus probable est que les prochaines années se situent à mi-chemin.

La probabilité que la température globale proche de la surface dépasse 1.5°C au-dessus des niveaux préindustriels pour au moins une année entre 2023 et 2027 est plus probable qu’improbable (66%).

L’évaluation de 2021 avait estimé à 40 % les chances de voir la température dépasser temporairement 1.5 °C entre 2021 et 2025. Cette probabilité avait été relevée à 50% dans le rapport de 2022 pour la période 2022-2026. Nous passons donc maintenant à 66% pour 2023-2027. Les facteurs de variabilité naturelle devraient plutôt tirer les températures vers le haut, mais il faut préciser que le degré de confiance dans ces prévisions est modeste.

La Variabilité Multidécennale de l’Atlantique Nord a été proche de zéro ou négative depuis 2013. Elle devrait être positive en moyenne sur les cinq prochaines années.

Dans le rapport de l’année dernière, il n’y avait pas de signal clair pour l’Oscillation Australe El Niño et une faible La Niña a été observée pour la troisième année consécutive. Cette La Niña est maintenant terminée et les anomalies de température moyenne de l’ensemble multi-modèles dans la région Niño 3.4 sont prévues pour être positives d’ici la fin 2023, indiquant le début d’El Niño. Il y a encore une grande dispersion parmi les prévisions.

La mise à jour annuelle de l’OMM met à profit l’expertise des centres climatiques internationaux coordonnés par le Met Office et les meilleurs systèmes de prévision des principaux systèmes de prévision climatique.

Une seule année de dépassement supérieur à 1.5 °C ne signifie pas que la planète aura dépassé officiellement le seuil emblématique de l’Accord de Paris. Elle révèle que nous nous rapprochons de plus en plus d’une situation où une température de 1.5 °C pourrait être dépassée sur une période prolongée. 

Le réchauffement est mesuré comme une moyenne mondiale sur 20 ans, pour tenir compte de la variabilité naturelle du système. Le rapport du GIEC AR6 définit le « temps de franchissement du seuil » comme le point médian de la première période de 20 ans où la température globale de l’air de surface est en moyenne supérieure à la température seuil. 

Dans un scénario à très faibles émissions (c’est-à-dire le scénario dit SSP1-1.9), la meilleure estimation du moment où le réchauffement de 1.5 °C pourrait être atteint, selon le dernier rapport du GIEC, se situe vers 2035. Plus précisément, le rapport indique que dans le cadre des émissions les plus faibles envisagées avec le scénario SSP1-1.9, la limite de 1.5 °C sera dépassée au cours de la période de 20 ans allant de 2025 à 2044, ce qui implique un temps de franchissement au point médian entre 2034 et 2035.