Climat

El Niño annoncé par la NOAA

D’après un bulletin publié par le Climate Prediction Center de la NOAA ce 8 juin 2023, les conditions El Niño sont désormais présentes et devraient se renforcer progressivement au cours de l’hiver 2023-24 de l’hémisphère nord. Les chances qu’El Niño devienne un événement fort à son apogée sont estimées à plus de 50%. La température globale pourrait ainsi atteindre des sommets dans les mois à venir.

C’est désormais officiel, la NOAA annonce l’arrivée d’u phénomène ‘El Niño, un phénomène climatique qui affecte les conditions météorologiques dans le monde entier.

Pendant un événement El Niño, l’énergie thermique stockée dans l’océan est libérée dans l’atmosphère. Plusieurs des années les plus chaudes jamais enregistrées coïncident avec de forts événements El Niño. Par exemple, les années 1998 et 2016, qui ont été parmi les plus chaudes jamais enregistrées, ont été des années El Niño. Bien que El Niño soit un phénomène naturel et cyclique, il peut amplifier les effets du réchauffement climatique anthropique. Compte-tenu des niveaux déjà élevés observés ces dernières années avec des conditions La Niña, l’émergence d’un phénomène modéré à intense pourrait conduire la température globale à des niveaux supérieurs à 1.5°C au-dessus de la période préindustrielle.

En mai, de faibles conditions El Niño ont émergé alors que les températures de surface de la mer (SST) au-dessus de la moyenne se sont renforcées dans tout l’océan Pacifique équatorial.

Source : NOAA

Tous les derniers indices hebdomadaires de température de surface de la mer pour les régions Niño du Pacifique sont supérieurs à +0,5°C : « Niño-3.4 » à +0,8°C fin mai, « Niño-3 » à +1,1°C et « Niño1+2 » à +2,3°C. Chaque indice est associé à une zone spécifique de l’océan et donne une indication de l’intensité et de la position du phénomène El Niño.

Régions Nino. Source : NOAA.

La région Niño-3.4 est la plus utilisée pour surveiller et prédire les phénomènes El Niño. Il s’agit de la mesure des températures de surface de la mer (SST) dans la partie centrale et est du Pacifique équatorial. Une anomalie positive de SST au-dessus de +0,5°C dans cette région est généralement associée à un El Niño. La région Niño1+2 est intéressante à suivre également. L’indice Niño-1+2 mesure les SST dans la partie la plus à l’est du Pacifique équatorial, près des côtes de l’Amérique du Sud. Il peut être utile pour détecter les premiers signes d’un El Niño ou d’un La Niña. L’indice est particulièrement positif. Pour retrouver des niveaux aussi élevés, il faut remonter au dernier gros épisode 2015/2016 et avant cela à 1997/1998.

Source : NOAA

Les anomalies de températures sous-marines moyennes positives reflètent la continuation de la chaleur anormale généralisée sous la surface de l’océan Pacifique équatorial.

Autre point d’importance, l’indice SOI, devenu significativement négatif en mai. L’Indice d’Oscillation Australe (SOI) est un paramètre clé utilisé pour évaluer les phénomènes El Niño et La Niña. Il est calculé à partir de la différence de pression atmosphérique à la surface de la mer entre Tahiti et Darwin, en Australie. L’importance du SOI réside dans sa capacité à refléter ces variations de pression et de vent qui sont des facteurs déterminants dans le développement d’El Niño ou de La Niña. En d’autres termes, le SOI fournit des informations sur les conditions atmosphériques qui accompagnent ces phénomènes. En plus des SST, l’indice SOI permet de déterminer qu’il y a bien un couplage océan-atmosphère.

L’indice d’oscillation australe (SOI) sur 30 jours pour les 30 jours se terminant le 4 juin 2023 est tombé à -20,5, tandis que les valeurs pour le SOI sur 60 jours sont de -10,6. Des valeurs positives soutenues de l’indice SOI au-dessus de +7 indiquent généralement La Niña, tandis que des valeurs négatives soutenues en dessous de -7 indiquent généralement El Niño.

Source : BOM.

La publication par l’IRI des prévisions des modèles indique la continuation d’El Niño au cours de l’hiver 2023-24 de l’hémisphère nord. La confiance dans l’apparition d’El Niño augmente à l’automne, reflétant l’attente que les valeurs de l’indice Niño-3.4 moyen continueront à augmenter.

Source : CPC-IRI

Depuis fin novembre 2022, trois ondes de Kelvin descendantes se sont produites. Depuis mars 2023, des anomalies de température sous-marine supérieures à la moyenne ont persisté à travers l’océan Pacifique. Une autre onde de Kelvin descendante est en train d’émerger dans l’océan Pacifique occidental.

Source : NOAA

A son apogée, la probabilité d’un El Niño fort est de 56% en novembre-janvier. Par fort, on entend la probabilité que Niño-3.4 dépasse 1,5°C. Il y une probabilité de 84% de dépasser une intensité modérée (Niño-3.4 ≥ 1,0°C). Le tableau ci-dessous montre les probabilités d’atteindre différentes intensités en fonction des périodes de l’année.

Target< -1.5°C< -1.0°C< -0.5°C> 0.5°C> 1.0°C> 1.5°C
MJJ~0~0~0868~0
JJA~0~0~093486
JAS~0~0~0946623
ASO~0~0~0957537
SON~0~0~0968047
OND~0~0~0968354
NDJ~0~0~0968456
DJF~0~0~0968050
JFM~0~0~0937237
< -1.5°C< -1.0°C< -0.5°C> 0.5°C> 1.0°C> 1.5°C

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7 réponses »

  1. Bonjour Johan,
    J’ai regardé la courbe de la concentration du CO2 dans l’atmosphère sur le site web de la N.O.A.A. aujourd’hui et j’ai été surpris. A 424 ppm de CO2, c’est un nouveau sommet qui vient d’être atteint. Et il me semble que la courbe accélère par rapport au dernier sommet atteint 12 mois plus tôt. Ce n’est peut-être pas significatif
    mais cela laisse songeur tout de même. https://gml.noaa.gov/webdata/ccgg/trends/co2_trend_mlo.png

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    • Bonjour Jacques, et avec El Niño, on va avoir une accélération. 1998 et 2016 ont été marqués par une augmentation plus importante de la concentration de CO2.

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      • Ci-dessous la croissance annuelle en PPM au global :
        1980 1.71
        1981 1.15
        1982 1.00
        1983 1.84
        1984 1.23
        1985 1.65
        1986 1.01
        1987 2.66
        1988 2.17
        1989 1.45
        1990 1.23
        1991 0.75
        1992 0.73
        1993 1.23
        1994 1.67
        1995 1.99
        1996 1.05
        1997 1.97
        1998 2.84
        1999 1.35
        2000 1.24
        2001 1.85
        2002 2.37
        2003 2.28
        2004 1.56
        2005 2.46
        2006 1.77
        2007 2.12
        2008 1.78
        2009 1.59
        2010 2.41
        2011 1.68
        2012 2.41
        2013 2.45
        2014 2.04
        2015 2.96
        2016 2.83
        2017 2.15
        2018 2.37
        2019 2.50
        2020 2.34
        2021 2.47
        2022 2.15

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  2. Bonjour Johan,
    Dans la section ‘Température mondiale actuelle » j’ai été surpris de lire que l’anomalie était de 0.956 °C le 8 juin dernier. C’est vraiment énorme.

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  3. Je suis surpris moi aussi, même si on avait eu une première salve assez impressionnante en avril. Sauf baisse brutale par la suite, ce mois de juin me parait parti pour être le plus chaud jamais enregistré au niveau planétaire, notamment en raison de la température des océans.

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    • Je confirme. Il devrait y avoir une légère accalmie dans quelques jours mais au vu des données ERA5 dont je dispose, juin 2023 est parti pour exploser le record de chaleur.

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