Climat

Pluies diluviennes en Asie en juillet 2023

Les dernières semaines ont apporté des inondations exceptionnelles en Asie.  Des pluies record ont touché le Japon, la Chine, la Mongolie, l’Inde et  le Pakistan. En Mongolie, des averses inhabituelles début juillet ont touché 31600 foyers, et 20’000 personnes ont été déplacées.  En Chine, les précipitations torrentielles ont provoqué l’évacuation de dizaines de milliers de personnes dans le Nord, Centre et Sud-Est du pays. Elles ont déclenché de nombreux glissements de terrain, dont un grand qui a déferlé sur une autoroute (vidéo).

Le sud du Japon a aussi subi des pluies record. Des alertes maximales ont été lancées,  de nombreuses personnes ont été évacuées. Malgré toutes les précautions, quelques décès ont été enregistrés, une femme est décédée dans le glissement de terrain qui a balayé sa maison, un autre décès a eu lieu dans une voiture emportée par les flots.

Des précipitations exceptionnelles se sont aussi abattues sur le Pakistan.  Elles ont provoqué des dizaines de morts, des personnes écrasées par des toits arrachés par les tempêtes, des électrocutions, des coups de foudre et des noyades.  Un déluge de 200 à 290 mm (20 à 29 cm) d’eau s’est abattu sur ce pays, y compris la capitale Lahore, en l’espace de dix heures. 

Ce pays a déjà subi des graves inondations l’année passée à cause d’une mousson appelée « sous stéroïdes » . Elles ont causé des dommages étendus à l’infrastructure dans le pays entier.  Ces pluies sans précédent ont constitué la plus grave catastrophe humanitaire qui ait frappé le pays depuis des décennies. Un tiers du pays avait été inondé et 30 millions de personnes ont souffert des intempéries (Accuweather).  Les déferlements débutent de façon encore plus intense cette année. 

Des fortes précipitations se sont abattues sur l’Himalaya dont le plus haut sommet culmine à 8848 m.   Les immenses pentes descendent des régions des neiges éternelles où se forment les orages jusqu’à la plaine torride de l’Inde, les grands fleuves commencent dans ces montagnes, mais les pluies actuelles sont exceptionnellement intenses, et les fleuves débordent.   Les déluges ont touché  l’Inde du Nord, les états de l’Himalash Pradesh, du Sikkim, de l’Assam, du Penjab, du  Rajastan et d l’Uttar Pradesh ainsi que le Pakistan. Au moins une centaine de personnes a péri dans les catastrophes qui sévissent depuis juin. 

L’Etat d’Himalash Pradesh s’étend sur la chaîne Himalayenne jusqu’à un sommet de 6.816 m.  Les pentes raides des montagnes immenses sont couvertes de forêts.  Les rivières alimentent les bassins du Gange et de l’Indus. Les précipitations moyennes devraient atteindre 8 mm au total. Cette année 103 mm étaient tombés jusqu’à dimanche passé. 

Les eaux ont emporté des ponts, et provoqué de nombreux glissements de terrain. Les rues de villes dans plusieurs états indiens ont été inondées. Les images montrent des empilements de grands arbres déracinés, tels des mikados, roulés par les flots à travers les villes. Les coulées de boue ont parfois atteint les étages des maisons et en ont démoli certaines.  Les glissements de terrain ont bloqué 700 routes. 

La ville de Delhi a essuyé 153 mm (15, 3 cm) de pluie en un seul jour,  le maximum enregistré depuis 40 ans. Le site Floodhub montre des graves inondations dans la région de Delhi le 13 et le 14 juillet (site Floodhub)  et de nouvelles précipitations sont prévues pour les jours suivants.  Les écoles, qui ont récemment dû fermer à cause de canicules record, ont de nouveau renvoyé les élèves à la maison. Les audiences des tribunaux ont été suspendues. De nombreuses personnes ont été évacuées, et 2500 camps de secours ont été mis en place. Le 13 juillet, plusieurs quartiers ont été inondés rue après rue, dans certaines l’eau arrive aux genoux, ailleurs elle atteint la taille ou les épaules des adultes. Aujourd’hui, la situation a empiré. Certaines images montrent de nombreuses personnes avançant péniblement dans l’eau au-dessus de la taille, et il ne semble pas y avoir assez de bateaux de sauvetage.

Selon les communiqués que j’ai vu, ces inondations n’étaient pas prévues plus de deux semaines à l’avance, une mousson modérée était annoncée le mois passé, mais des perturbations cycloniques de l’Ouest s’y sont ajoutées et ont causé des pluies au moins dix fois plus abondantes que la moyenne. 

Le réchauffement climatique a provoqué une augmentation de l’humidité atmosphérique qui favorise les précipitations intenses.  Celles-ci se poursuivent et aggravent les inondations. 

Au cours de ces dernières années, l’Inde a connu des vagues de chaleur de plus en plus intenses y compris ce printemps, ainsi que des moussons abondantes. Les effets sur les moissons sont dévastateurs,  car les pluies surviennent de façon imprévisible.

Les effets directs des catastrophes sont aussi importants. En Inde, certains habitants de Delhi n’ont pas d’assurance, s’ils perdent leurs biens dans l’inondation il leur sera difficile d’en acquérir de nouveaux. Lorsque les activités normales sont suspendues, ils ne reçoivent pas leur salaire journalier qui permet d’acheter le repas du soir. Ils vivent dans une grande précarité qui exacerbe l’effet des catastrophes. 

L’Himalaya est la plus grande chaîne de montagnes du monde, ce qui explique l’échelle des phénomènes qui s’y produisent,  mais une aggravation des pluies intenses est prévue partout dans le monde, des événements similaires pourraient donc se produire en Europe plus tard. 

Stefan Uhlenbrook, un des responsables de l’Organisation Météorologique Mondiale, a rappelé que l’OMM prévoit des précipitations de plus en plus intenses, de plus en plus fréquentes, qui pourraient provoquer des plus graves inondations (OMM).

Lien sur la vidéo : images très impressionnantes des inondations et des glissements des terrain WION.

Vidéo de Delhi India Today 1 Vidéo de Delhi India Today 2

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3 réponses »

  1. Bonjour Dorota,
    Techno-science.net rapporte dans son denier article, les propos de Simon Willcock, co-auteur d’une étude et professeur de durabilité à l’Université de Bangor au Royaume-Uni, qui avertit que plus d’un cinquième des écosystèmes mondiaux sont en danger d’effondrement. Des stress continus et des événements extrêmes accélèrent des changements rapides qui pourraient bien échapper à tout contrôle. Une fois le point de basculement atteint, il sera trop tard. Les écosystèmes terrestres pourraient sombrer dans un effondrement bien plus tôt que les scientifiques ne le craignaient, selon cette nouvelle étude. Cette recherche indique que plus d’un cinquième des « points de basculement » potentiellement catastrophiques pourraient survenir dès 2038.

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