Climat

Température mondiale : record de chaleur en août

Avec +0.886°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois daoût 2023 est de très loin le plus chaud des archives ERA5. Le précédent record de 2016 (+0.577°C) est dépassé de 0.31°C. L’année 2023 est partie pour être l’année la plus chaude jamais observée.

Les réanalyses comme ERA5 (ECMWF) intègrent de multiples observations dans un modèle permettant de suivre quasi quotidiennement l’évolution du climat. Elles sont produites par assimilation de données, un processus qui repose à la fois sur des observations et des modèles utilisant les lois de la physique et les observations passées. Les données sont actualisées de manière journalière, contrairement aux bilans mensuels des stations au sol.

Anomalie de température en août 2023 par rapport à 1981-2010

Avec +0.886°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois d’août 2023 est de loin le plus chaud des annales ERA5 qui remontent à 1979. Par rapport à la nouvelle période de référence 1991-2020 utilisée par ERA5, l’anomalie est de +0.71°C. Après juin et juillet, c’est le 3e mois d’affilée marqué par un record de chaleur. L’écart est une fois encore impressionnant.

Le graphique ci-dessous montre les 10 anomalies globales les plus élevées jamais observées en août. Comme en juillet, ce mois d’août 2023 se détache clairement du reste de l’archive, apparaissant comme une « anomalie au sein des anomalies ».

Top 10 des anomalies ERA5 en août par rapport à 1981-2010

Après une période La Niña exceptionnellement prolongée, des conditions El Niño sont désormais présentes et devraient encore se renforcer au cours de l’hiver 2023-24. L’anomalie dans la région Niño 3.4 a atteint +1.31°C en août (le seuil La Niña est fixé à -0.5°C, le seuil El Niño à +0.5°C). D’après la moyenne des modèles, l’anomalie pourrait passer à 2°C sur novembre-décembre-janvier. Le seuil pour un événement qualifié de « fort » est de +1.5°C dans la région Niño 3.4.

Prévisions des modèles dynamiques pour les températures de surface de la mer dans la région Niño 3.4. Source : CPC IRI.

Pour calculer la température mondiale par rapport à la période préindustrielle, il faut utiliser une autre archive que celle d’ERA5 car celle-ci remonte à 1979 seulement. L’archive du Met Office présente l’avantage de remonter aux années 1850. HadCRUT5 a récemment remplacé HadCRUT4 avec des améliorations dans la couverture globale et la mesure des températures de surface de la mer. Les données de HadCRUT5 sont utilisées ici pour calculer l’évolution d’ERA5 par rapport à la période préindustrielle (1850-1900).

L’anomalie de +0.886°C observée au mois d’août 2023 par rapport à 1981-2010 correspond à +1.49°C par rapport à 1850-1900, ce qui est exceptionnel pour cette période de l’année. Des anomalies aux alentours de +1.5°C au-dessus de la période préindustrielle n’avaient jusqu’à présent été relevées qu’entre novembre et avril.

Les deux années les plus chaudes ont été 2016 et 2020 avec respectivement +1.337°C et +1.33°C au-dessus de la moyenne préindustrielle. La moyenne sur janvier-août 2023 est de +0.646°C au-dessus de 1981-2010, soit +1.352°C par rapport à 1850-1900. L’année 2023 est donc en passe d’être la plus chaude depuis le début des relevés, devant 2016 et 2020. Le réchauffement lié à El Niño fera encore grimper l’anomalie mondiale d’ici la fin de l’année.

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19 réponses »

  1. On s’en doutait depuis un moment mais les choses se précisent: à l’échelle mondiale, 2023 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée, et probablement avec une marge significative sur 2016 et 2020. À un niveau beaucoup plus local, le seuil des 40°C s’est bien banalisé chez moi. À la station d’Albi, en 40 ans, il a été dépassé en 2003, 2010, 2019, 2020, 2022, 2023. Les champs de maïs sont intégralement cramés pour la deuxième année d’affilée et la moitié des frênes a d’ores-et-déjà achevé la saison de photosynthèse avec les feuilles noircies.

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  2. Bonjour Johan,

    Merci infiniment pour vos articles.
    Je suis en contact avec un ami  » climatoréaliste  » qui me dit que la publication de vos anciens relevés de températures  » évoluent  » avec le temps, … ( ? )
    Est-il possible de croiser vos publications mensuelles des températures, disons depuis janvier 2016, avec celles issues d’un autre site ?

    … dada …

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  3. .. les données ERA5 que vous mettez à notre disposition quotidiennement et qui sont ensuite moyennées , par exemple +0.886 pour aout 2023, par rapport à la moyenne 1981-2010.

    … dada …

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    • Ah d’accord, je publiais en 2016 les données de la NASA, aujourd’hui celles d’Era5. J’ai opté pour ces dernières en raison des données quotidiennes. Les deux archives, NASA et Era5, sont à mon avis ce qui se fait de mieux, avec des méthodes différentes. Elles sont assez cohérentes entre elles. Si on considère la même base pour calculer l’anomalie, on obtient des résultats assez proches. Vu qu’elles se recoupent jusqu’à 1979 il n’est pas nécessaire de compléter l’une par l’autre. L’avantage de la NASA est qu’elle remonte à 1880. Pour évaluer l’anomalie d’Era5 par rapport à la moyenne préindustrielle, j’utilise pour ma part les données historiques du Met Office.

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      • Bonjour,
        Et je ne pense pas que les quelques pouièmes qui existent entre les différentes bases de données puissent justifier un révisionnisme climatique 😀
        Je suis toujours étonné par les raisonnements alambiqué de certains, disposant souvent par ailleurs de connaissances techniques avancées, qui remettent en question des évidences confirmées chaque jour.
        Hormis le fait qu´ils pensent cela à titre individuel, quelques uns le partagent publiquement en faisant état de leurs statuts dans la sociétés sans lien avec les problèmes traités, ce qui doit participer à apporter davantage de confusion.

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        • Bonjour,

          Je crois pour avoir vu circuler certaines infos sur Internet – il y a des comparaisons qui sont faites entre janvier-février-mars 2016 et les anomalies actuelles. Si on s’intéresse un petit peu au climat, on voit bien que les anomalies en été (au sens de l’hémisphère nord) affichent des variations bien moindres qu’en hiver. L’effet de levier d’El Niño est à son maximum en hiver. Les anomalies observées en février 2016 restent les plus élevées de l’histoire instrumentale dans l’absolu (je parle des anomalies tous mois confondus). Les anomalies de 2023 sont extrêmes pour un mois d’août. Elles laissent cependant présager que des records absolus pourraient tomber prochainement. Il faut préciser qu’il y a un décalage de 2-3 mois entre le pic des SST dans le Pacifique et le pic de température globale. Le pic des STT se produit généralement en fin d’année, celui de température globale aux alentours de février (voir février 1998 et 2016). Chaque événement El Niño est spécifique mais c’est l’idée. Jamais on n’avait vu un été aussi chaud, et de loin qu’en 2023. A tel point que les anomalies rivalisent avec celles observées en hiver 2015-16, ce qui est particulièrement étonnant. Avant même l’hiver impacté par El Niño, 2023 est déjà en passe d’être l’année la plus chaude, ce qui montre à quel point les anomalies actuelles sont aberrantes. A noter que je parle ici d’anomalies de température, pas de température brute.

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  4. Bonjour,

    Les écart de températures sont impressionnants, et le mois de septembre est bien parti pour suivre, voire accélérer la tendance. C’est comme si la Terre s’était réchauffée de 0,3 à 0,4 °C depuis le mois de juin.

    Est-il possible de savoir la part (la proportion) du réchauffement lié à El Nino dans ces 0,3-0,4°C ?

    A t’on une explication, hors le phénomène El Nino, pour expliquer cette accélération soudaine ?

    Cordialement,

    Jérôme

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    • Bonjour,
      L’impact d’un épisode El Niño sur les températures globales de la Terre peut varier d’un événement à l’autre, et il n’est pas facile de donner un chiffre précis sur un événement en particulier. Sur une année, je dirais qu’El Niño peut relever la température de 0.1°C à 0.2°C; sur une saison (3 mois) de près de 0.4°C s’il s’agit des événements les plus extrêmes. Ce qui se passe actuellement est un peu inhabituel au niveau du timing puisque nous ne sommes pas dans la fenêtre où El Niño a encore un impact notable sur la température globale (ce qui se produit habituellement en fin d’année et au début et au début de la suivante).
      Parmi les causes possibles, en plus du forçage lié aux gaz à effet de serre, il pourrait y avoir un effet accélérateur de la réduction de la pollution atmosphérique au cours de la dernière décennie. Cela a pu entraîner une diminution de l’albédo des nuages et donc une accélération du réchauffement climatique après 2010. Des scientifiques comme James Hansen mettent en avant l’impact de la réduction des aérosols due aux limitations imposées sur la teneur en soufre des carburants des navires en janvier 2015, et renforcées en janvier 2020.
      Quand à l’impact de l’éruption du volcan Hunga Tonga, il est controversé, l’effet de réchauffement (vapeur d’eau injectée dans la stratosphère) étant contrebalancé par un effet de refroidissement (aérosols stratosphériques), les deux s’annulant presque mutuellement.

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  5. Soyons clairs. Comparée à la moyenne 2011-2040, la représentation cartographique aurait beaucoup de zones bleues. Il s’agit donc d’une représentation faussée laisant à penser qu’il a un réchauffement climatique alors que comparé au futur, nous sommes dans un refroisissement climatique. Ai-je bien joué mon rôle de climato-négationiste ?

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    • Ah, cette polémique sur les couleurs des cartes… Dans cet article, il s’agit d’une carte d’anomalie avec une légende. Il suffit de se rapporter à la légende, il n’y a aucune tromperie possible. Une anomalie de ~ 0°C apparaîtra en blanc, plus on va vers le rouge, plus c’est (anormalement) chaud avec une intensité max à +5°C ; plus c’est froid par rapport à la moyenne, plus on s’écarte du blanc pour aller dans le bleu jusqu’à -5°C. La table des couleurs est la suivante : https://globalclimat.files.wordpress.com/2023/09/capture-decran-2023-09-16-a-01.08.25.png

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      • C’était de l’humour. Je pensais que vous l’auriez compris puisque je parle de la moyenne 2011-2040, moyenne que bien évidemment nous n’avons pas. Je pensais que je commentais depuis suffisamment longtemps pour que ce soit compris comme tel.

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        • Bien sûr je l’ai compris comme tel ! Je ne m’adressais pas à vous mais à ceux qui critiquent les cartes car trop rouges à leur goût. Je savais bien que c’était de l’humour, désolé si je n’ai pas été clair dans pa réponse.

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  6. Bonjour Johan,
    A voir les fortes anomalies quotidiennes du mois de septembre en cours présentées dans la rubrique  »Température mondiale actuelle », il serait surprenant que le mois de septembre 2023 ne batte pas les records précédents des années antérieures pour ce mois, comme cela a été le cas pour les mois de juin, juillet et août dernier.

    J’ai une autre source d’inquiétude que j’aimerais partagé ici avec vous suite à la diffusion samedi soir d’un reportage à la télévision québécoise concernant les méga=feux de forêts et que l’on résume très bien dans l’article suivant paru sur news.dayfr.com intitulé  »Forêts menacées de disparition ». On y mentionne que suite à des méga-feux de forêts dans la province canadienne de la Colombie-Britannique, des chercheurs en écologie forestière ont observé qu’à Elephant Hill, une localité de cette province, un méga-feux a détruit près de 2 000 kilomètres carrés de forêt en 2017. Selon ces chercheurs, on devrait normalement déjà voir les arbres repousser. Mais il n’y a pas de régénération. Pas de sapin douglas ni de pin ponderosa, deux espèces pourtant bien adaptées au passage du feu. https://news.dayfr.com/local/2514308.html

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    • Bonjour Jacques,
      Oui, on peut dire qu’il y a quasiment 100% de chances que le mois de septembre se solde par un nouveau record de chaleur. L’anomalie du 1er au 11 septembre est de +0.96°C au-dessus de 1981-2010 (+1.57°C au-dessus de 1850-1900). Jusqu’à présent, la plus grosse anomalie sur la période 1-11 septembre était 2020 avec +0.63°C au-dessus de 1981-2010 (+1.24°C au-dessus de 1850-1900).
      Concernant les incendies, effectivement ce qui est dit dans l’article est préoccupant. Car les méga-incendies détruisent non seulement les arbres existants, mais ils compromettent également la régénération forestière.

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  7. Pour le mois de septembre, fait ou artefact amusant, les anomalies de températures pour l’hémisphère nord sont proche de dépasser la limite des 1.5°C.
    Ne vous inquiétez pas si certains vous disent que c’est foutu… c’est effectivement le cas. Mais il faut maintenent arrêter de stresser pour faire de la croissance à la con et vivre tranquillou loin des techno-tarés.

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    • Bonsoir,

      Pour septembre, on devrait même être plutôt à 1,7 °C au niveau planétaire. Il est évident que l’action immédiate, même si elle est salutaire, ne le sera pas pour nous mais pour les générations dans 30 ou 60 ans. En conséquence, les actions de réduction de consommation des matières premières dovent être entreprises en pensant aux générations à venir et non pour nous. Et je parle bien de réduction de consommation de matières premières et non de réduction de l’activité humaine. Le cerveau, ça existe et ça consomme peu : 2000 kj/jour. L’action devient un acte d’espoir pour ceux qu’on aime ou aimera et non de protection individuelle à court terme.

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      • Les fonctions d’analyse, de tri et de stockage des informations du cerveau dans son milieu ont certes des avantage par rapport à une «mémoire génétique» mais rapporté à la masse du corps humain, il consomme quand même ⅕ de son énergie. Il faut le nourrir, et, comme une grande/grosse chape musculaire, plus il est gros et plus il fonctionne…

        Aujourd’hui il est malheureusement clair que l’activité humaine est quasi totalement liée à sa production effrénée par le jeu de la consommation et l’accumulation; l’autosuffisance avec le maximum de confort actuel (conserver son petit smartphone pour payer encore ses impôts par exemple) est ultra marginale et impossible à reproduire pour chacun sans retomber dans le circuit destructeur. Il n’est pas dit qu’il faudra arrêter d’extraire de l’argile, d’inscrire ses observations, de jouer de la musique ou de cultiver, mais comme tout ceci est dans le but actuel de s’insérer socialement dans une gigantesque structure très exigeante, il y a une autre chose importante à (dé)faire en même temps pour que tout cela puisse devenir une réelle nécessité plutôt qu’un moyen. Et c’est mal accueilli de manière général car trop « politisé » – heureusement pour tous, tous acculés, nous savons maintenant qu’il faudra plus tôt que tard, briser ce tabou et y passer.

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