Climat

Captons maintenant le carbone atmosphérique dans le sol

Aggravation imminente du réchauffement climatique

Nous sommes au début d’un phénomène El Niño qui provoque une augmentation des températures planétaires. Ces prochains mois, elles s’élèveront probablement de quelques dixièmes de degré, de plus en plus loin des valeurs connues de l’Humanité.  James Hansen estime que le seuil  de 1.5°C sera temporairement dépassé au printemps 2024. Ce seuil a déjà été momentanément franchi au cours des premiers jours de septembre. Les données ERA5 pour la période du 1er au 13 septembre, couplées aux archives du Met Office, montrent que la moyenne provisoire mensuelle est de 1.6°C sur les 13 premiers jours de septembre.

La Terre absorbe maintenant presque deux fois plus d’énergie solaire qu’il y a 13 ans (2005-2015). Cette augmentation est  surtout causée par l’accroissement de l’effet de serre.  Des changements dans la composition de nuages pourraient permettre aux rayons du soleil d’atteindre la Terre en plus grande quantité.  Le rayonnement solaire qui touche la Terre est filtré par les aérosols, des poussières émises lors de la combustion d’énergies fossiles. La réduction de ces aérosols, notamment utilisés dans le transport maritime, nous expose plus au rayonnement solaire. Enfin, les océans ont emmagasiné beaucoup d’énergie et la relâchent en particulier lors d’El Niño. 

Le gaz carbonique émis par l’Homme reste dans l’atmosphère une centaine d’années. Les aérosols y demeurent moins longtemps et procurent un refroidissement temporaire.  L’arrêt des combustibles fossiles réduit la quantité d’aérosols dans l’air et provoque un réchauffement momentané (communiqué de James Hansen).  Pour cette raison nous ne pouvons pas arrêter toutes les usines en une année, il faut étaler le changement de combustible dans le temps, sur une dizaine d’années au moins, pour garder un peu d’effet protecteur d’aérosols. A l’arrêt des émissions, le réchauffement restera élevé par manque d’aérosols. James Hansen a voulu lancer un satellite pour mesurer l’effet des aérosols à l’époque où il était directeur de la recherche à l’institut Godard de la NASA, et cette information serait vraiment très importante comme préalable pour toute discussion sur la géo-ingénierie.

L’activité du soleil suit un cycle de 11 ans. Elle était relativement basse en 2015-2016, quand la température est fortement montée lors du dernier El Niño. Maintenant, elle augmente et s’approche du maximum, ce qui peut aggraver un peu le réchauffement, mais cet effet est plus faible que celui du gaz carbonique. Cette année et surtout 2024 apporteront donc probablement des événements climatiques sans précédent, et une autre aggravation suivra dans quelques années.

Nous courons dès lors un sérieux risque de dépassement du seuil d’1,5°C. Un rapport récent de la commission Climate Overshoot Commission, qui inclut Pascal Lamy, s’est penchée sur ce problème. Ils recommandent de réduire rapidement les émissions, de s’adapter aux impacts inévitables, d’extraire le carbone de l’atmosphère et un moratoire accompagné de recherche sur la géo-ingénierie SRM. 

Selon le GIEC, nous allons au devant d’une vingtaine d’années, où, même avec des fortes réductions, la température de la Planète augmentera et provoquera de plus graves catastrophes. Nous verrons donc ces prochaines années les inondations de nos villes augmenter, elles monteront progressivement des chevilles jusqu’à la taille, et le passage aux énergies renouvelables nous évitera une aggravation supplémentaire, qui emporterait les bâtiments. Les perspectives sont semblables pour les vagues de chaleur.

Alors au cours des prochaines décennies, les morts se compteront par centaines, par milliers, puis par dizaines de milliers. Les événements climatiques extrêmes seront plus graves et plus répandus sur Terre. La semaine passée, les températures record de la Méditerranée, et les changements climatiques du courant-jet ont provoqué plus de dix mille morts en Libye. Bien sûr, il est souvent possible de prévenir et d’évacuer, mais ces situations d’urgence s’accumuleront et deviendront notre quotidien. Lorsque les 90% de la surface d’un pays sont inondés, il n’y a plus de lieux sûrs. Les cyclones bombes se forment en moins de 24 heures ce qui limite le temps de réaction. Il faudrait être prêts à évacuer des villes de millions d’habitants. Les vagues de chaleur, les inondations, les ouragans hors norme s’aggraveront. Les images des pays en voie de développement semblent crier: Morituri te salutant (ceux qui vont mourir te saluent)!. Je ne veux pas de ces catastrophes, j’espère qu’il est possible de les prévenir autant que possible, même s’il est maintenant très tard. 

Réduire l’effet de serre

J’aimerais que la quantité de gaz carbonique dans l’ atmosphère soit réduite dès que possible, autant que possible. Cela limiterait les risques. Une réunion consacrée aux émissions agricoles s’est tenue récemment à Wageningen. Les experts mettent en garde contre la tentation de placer tout l’espoir dans les solutions agricoles. La réduction d’émissions doit être la priorité. Les plans d’élimination des énergies fossiles et le passage au solaire doivent bien sûr se poursuivre et être menés à leur fin, mais ils porteront leurs fruits dans une vingtaine d’années. Je considère que des grands plans de capture de carbone par la végétation pourraient être mis en place en parallèle et réalisés au cours de ces vingt ans, pour pallier à la période la plus dangereuse. Ces efforts doivent commencer en 2023 ou 2024. Les plantes sont en grande partie composées de carbone et constituent un excellent outil de capture. Le sol est le plus grand réservoir de carbone de la Planète, il peut en inclure plus et nous devons absolument éviter sa libération dans l’atmosphère (blog sol).

L’initiative française quatre pour mille (4p1000) proposait d’accumuler du carbone dans le sol, et transformer un danger mortel en sol fertile. J’aime beaucoup cette idée, cette solution me paraît la meilleure pour l’environnement, pour la stabilité du climat et pour la santé humaine.

Une étude récente sur les émissions de l’agriculture estime que celle-ci pourrait fournir des émissions négatives de 33 Gt par année, c’est-à-dire absorber la majorité d’émissions de carbone actuelles. Dans leur modèle, la réduction d’émission la plus importante proviendrait d’une fabrication d’engrais sans usage d’énergie fossile, alimentée par l’hydrogène. Personnellement, je crois que l’agriculture pourrait largement s’en passer et devenir biologique. Ensuite, une alimentation différente du bétail, un ajout d’algues ou une alimentation précoce en prairie provoquerait une sérieuse réduction d’émissions. Les sols peuvent aussi être couverts de poussière de roches broyées qui fixerait le carbone atmosphérique et réduirait directement l’effet de serre. L’agroforesterie mènerait au même résultat. Dans cette étude, l’agroforesterie est planifiée seulement sur les terres abandonnées. Elle pourrait aussi être appliquée sur des terres actuellement cultivées, en culture combinée, qui les protégerait de la chaleur. Le potentiel est immense.

Les techniques de capture de carbone incluent l’usage :

  • du compost ( des plantes digérées par des bactéries et des animaux du sol);
  • du biochar, c’est à dire la fabrication et l’enfouissement de charbon de bois à partir de végétaux partiellement carbonisés. L’utilisation de biochar réduit les émissions du gaz à effet de serre N20 du sol. Le matériau proviendrait soit de plantes cultivées dans des champs séparées, soit de restes végétaux, mauvaises herbes, paille des céréales, couverts végétaux. Des composés dérivés de la carbonisation se répandent dans le sol, affectent l’écosystème et pourraient se trouver dans les aliments humains. Cependant le feu existe dans la nature, il a même été utilisé pour enrichir des sols pauvres.
  • de poudre de roches qui fixe spontanément le gaz carbonique (Enhanced weathering). Des essais ont été effectués avec l’olivine, la poudre de roches broyées aux bords des glaciers du Groenland, et avec du basalt.
  • la culture d’algues dans des zones marines précises, en particulier les zones mortes ou sujettes à l’eutrophisation. Bien conçue, elle pourrait même restaurer les écosystèmes.
  • une meilleure alimentation du bétail : les émissions du bétail nourri de grain peuvent être réduites de 25-80% en ajoutant des algues aux aliments. Le bétail qui paît dans les prés émet 25% de méthane en moins s’il est nourri d’alfalfa, et la pâture tôt dans la saison réduit les émissions de 45%.
  • l’arrêt du chalutage en eau profonde et son remplacement par la pêche au pot, moins invasive pour les fonds des océans, permettraient aussi de réduire les émissions de carbone de 58%, et de sauver ces écosystèmes.
  • les couverts végétaux sont aussi une bonne solution pour enrichir les sols, ainsi que l’utilisation de plantes aux longues racines, qui enfouiraient naturellement beaucoup de carbone (lien).

La figure ci-dessous montre les réductions d’émissions (a) en haut) et la quantité de carbone capté (b, en bas) par différentes techniques agricoles. Notamment, les ajouts des roches dans les champs, le biochar et l’agroforesterie sont très efficaces. L’agroforesterie est bénéfique à plusieurs niveaux, et pourrait être déployée sur une surface plus importante. Les effets du biochar et de la poudre de roches sur le sol et sur la santé humaine doivent être vérifiés, les chiffres avancés par cette étude pourraient aussi être contrôlés, mais le potentiel des sols et des plantes est vraiment immense.

L’alimentation végétale est une excellente solution pour la Planète. Si celle-ci était combinée à la reforestation des terres utilisées pour alimentation du bétail, notamment des régions Amazoniennes, elle mènerait aussi à une forte réduction d’émissions de carbone. L’alimentation constitue la plus importante source d’émissions de carbone en Europe (lien).

Une autre étude publiée dans Nature Communication montre que le remplacement de la moitié de viande et de lait par des protéines végétales conduirait à une réduction d’émissions agricoles d’un tiers en 2050. Les terres dévolues à l’agriculture pourraient être réduites de 12% alors qu’en cas de progression de l’alimentation carnée, celles-ci s’étendront. La quantité d’azote utilisée par l’agriculture conventionnelle diminuerait de moitié.

Il me semble que c’est facile à faire, si la brique de lait la moins chère contient du lait d’amandes, ou si le burger bon marché contient des pois, de nombreux consommateurs l’achèteront. Il suffit de vendre ces produits aux prix bas logiques vu leurs coûts de production.

L’agroforesterie, et la reforestation ou le reboisement doivent être mises en place immédiatement partout où c’est possible, à part les sols agricoles vraiment utiles et les prairies anciennes. Ces initiatives peuvent et doivent commencer maintenant. L’agroforesterie protégera peut-être les terres des pays chauds de la désertification, et pourrait sauver la vie des agriculteurs en les protégeant des chaleurs extrêmes. C’est la solution la moins coûteuse, et la plus efficace. Elle mobilise cependant les terres pour plusieurs années et la capture de carbone est vraiment efficace après quelques années, quand les arbres ont un peu grandi.

La culture d’algues pourrait capter 10,7 Gt de CO2 par année, sans empiéter sur les terres, mais nécessite un investissement financier plus élevé.

Au cours de ces dernières années, les catastrophes ont largement dépassé les prévisions. Leurs coûts et les risques financiers sont encore sous-estimés. Nous devons faire baisser le carbone atmosphérique très vite, en parallèle avec le passage aux énergies renouvelables. Nos gouvernements devraient engager les agriculteurs pour capter du carbone de l’air. La concentration de carbone dans l’atmosphère serait limitée et les conséquences de même. La déforestation doit être inversée et la forêt doit reprendre sur les sols défrichés. Cela devrait être fait à une très grande échelle, pour capter la majorité des émissions dans le sol. Il en va de la sécurité de toutes les villes de la Planète.  Dans vingt ans, nous saurons s’il faut plus de mesures pour sauver nos vies ou si le climat est stabilisé.

Blogs descriptifs au sujet du sol et des solutions liées:

Le carbone dans le sol

L’effet de serre pourrait devenir humus fertile: Lien

Les sols de toute la Planète absorberont le carbone

Addendum le 17 octobre: Une étude menée dans des oliveraies espagnoles a montré que les couverts végétaux, des plantes qui poussent près du sol et le protègent, ont réduit l’érosion de 85% et la perte de carbone de 76% https://phys.org/news/2023-10-crops-carbon-loss-soil-mediterranean.html

23 réponses »

  1. Bonjour Dorota, merci pour cet article si riche.
    Effectivement nous sommes, je pense, sur le point de passer un palier.
    Le fait que la commission Climate recommande de se pencher sur la geo ingénierie me conforte sur deux points. 1/ Plus personne n´envisage réellement faire, ou pouvoir faire (en étant optimiste), les efforts nécessaires pour limiter le réchauffement à 2 degrés en 2100. 2/ Malgré les répercussions inconnues et difficilement évaluables, tant techniques que politiques, cette solution pourrait être la seule qui permette valablement de sortir l´humanité de ce mauvais pas.

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  2. Je n’ai pas lu l’ensemble de l’article, bien trop long pour moi. Mais ma pensée est la suivante :

    Le réchauffement climatique est la conséquence d’un déséquilibre provoqué par l’homme pour lequel il n’a ni envisagé ni anticipé les conséquences. Dans d’autres domaines, qu’il s’agisse de la biodiversité, des méthodes pour contrer des effets néfastes, l’homme a été incapable d’évaluer les conséquences de son action. Et c’est logique puisque de telles conséquences n’ont jamais pu être anticipées, jamais étudiées.

    En conséquence, je dirais que, lorsque l’humain agit, il destabilise un système sans être capable d’en prévoir les conséquences. Donc, n’inventons pas des solutions basées sur l’action physique mais envisageons plutôt des solutions basées sur une diminution de l’action physique humaine.

    En résumé : réfléchissons calmement à ce qui se passe et à ce qui devrait être pour que rien ne se passe.

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  3. Bonjour,

    En complément de cet intéressant article je proposerais bien celui que j’ai récemment adressé à Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher, qui m’ont fait répondre par leur Chef(fe) de cabinet respectif. Réponses polies, mais qui ne changeront rien. Il traite de la géo-ingénierie, des start-ups et des fausses promesses du techno-solutionnisme, qui encouragent à la procrastination, à travers trois exemples. Je le résume ci-dessous.

    Le premier exemple est la capture directe du CO2 présent dans l’atmosphère par l’installation Orca, installée en Islande, par la start-up suisse Climeworks : 4000 tonnes captées par an, sur des émissions en 2022 atteignant 36,8 milliards de tonnes. Personne n’a semblé juger bon de faire cette simple division, et surtout pas les ingénieurs qui y travaillent (ou alors ils se sont bien donné garde d’en communiquer le résultat), que pour ma part j’ai faite : il faudrait 9.200.000 années, rien que ça, pour les capturer, ou, pour un bilan carbone neutre sur l’année, installer 9.200.000 installations similaires sur les 148 millions de kilomètres carrés de terres émergées de la planète, soit une installation par surface de 16 km2 (déserts, antarctique, montagnes, marécages, etc. compris), autre division simple, donc des installations séparées les unes des autres de 4 kilomètres, là une extraction de racine carrée basique ; ceux qui râlent déjà parce que les éoliennes, installations industrielles servant des objectifs industriels, rappelons-le en passant, leur gâchent le paysage n’ont pas fini de râler. Quant à retirer avec Orca tout le CO2 qu’on a ajouté dans l’atmosphère depuis la révolution industrielle, oubliez ça : on grimpe à 625 millions d’années ! Un peu présomptueux de la part d’Homo sapiens vieux de 300.000 ans… qui auront tout salopé en 250 ans.

    Le second exemple concerne une autre start-up, Scale-Vision, qui produit un substitut de plastique à partir d’écailles de poisson (importées d’Indonésie, donc probablement par cargos brûlant du fuel lourd). Louable intention, certes, (pas pour le fuel), mais en quelques clics on découvre que la biomasse totale de poissons est de 700 millions de tonnes et que le pourcentage d’écailles (pour les espèces de poisson qui en ont) varie de 3 à 4,2%. Mis en regard de la production annuelle de plastique (460 millions de tonnes en 2019, soit deux fois plus de pétrole pour le produire, près d’un kilomètre cube), on se rend alors compte après quelques calculs que cette « solution » ne permettrait de substituer le plastique par les écailles de tous les poissons du monde (bien évidemment qu’une seule et unique fois, puisqu’on viderait les océans) que pendant… vingt jours ! Et même moins si on exclut les congres, esturgeons, murènes, espadons, etc. qui n’ont pas d’écailles. Le pétrole a donc encore de beaux jours devant lui, à la grande joie de Patrick Pouyanné (Total Énergies) et de sa « vie réelle » – quand une des super-tempêtes, avec des vents soufflant jusqu’à 800km/h, « promises » par le climatologue James Hansen lui passera dessus, on redéfinira ensemble ce qu’est la vie réelle…

    Le dernier exemple porte sur le Manta, le futur bateau-poubelle récupérateur des macro déchets de plastique de l’ONG The Sea Cleaners, fondée par le navigateur Yvan Bourgnon. Je résume : ses capacités permettront de récupérer en 1333 années ce qu’on va déverser dans les océans entre le 01 janvier et le 31 décembre de cette année, et 20000 ans pour retirer tout ce qu’y s’y trouve déjà, surtout sous la forme de 24400 milliards de micro-plastiques (pour lesquels il n’est d’ailleurs pas conçu). Ou construire 20000 Manta, soit autant que de cargos et de porte-containers en service dans le monde en 2020 (le nombre de navires a d’ailleurs doublé entre 2013 et 2020, ce qui devrait mettre en joie M. Bruno Le Maire). Louable intention, là aussi…

    Celles et ceux qui voudraient lire l’ensemble de cet article (illustré d’infographies, et comportant une vingtaine de sources) peuvent me le demander en PDF par mail (Fred : ), ou à nos chers ministres. Je l’avais proposé à S!lence (trop long) et à Reporterre, qui ne s’est même pas donné la peine de le lire vue la réponse que j’en ai reçue, préférant faire travailler leurs journalistes pigistes ; évidemment, moi je ne suis pas journaliste patenté, et en plus je fais du bénévolat, crime de lèse-majesté dans un système économique capitaliste que chacun a intégré, y compris la plupart des écolos autoproclamés. Alors, écœuré, je ne le diffuse que confidentiellement à celles ceux qui préfèrent l’arithmétique et le bon sens aux contes de fées, même si personnellement j’adore Harry Potter, pour juger si une solution technologique proposée est ou non réaliste.

    Fred Moreau (traducteur de l’Amérindien Jack D. Forbes, « Christophe Colomb et autres cannibales », aux éditions Le Passager Clandestin).

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    • Excellent !
      J’ai déjà gardé au chaud un retour sur la bagnole électrique que tu (même si on ne se connaît pas) as déjà libéré en 2021.
      Nous avons besoin de démolir tout ces «petits récits mignons tout plein» relayés par la grande presse et qui visent l’immobilisme par excès d’optimisme. Et le gueuler.
      À ce propos, cette inaction climatique (et comme si tout ce résumait au seul CO2) est parfaitement orchestrée, et Fabrice Nicolino nous livre son dernier recueil «Le grand sabotage climatique».
      Pour une raison évoquée aussi par Parmantier et que nous n’avons pas le temps nécessaire à chercher des solutions dispendieuses (investissements financiers, ressources naturelles, espace, contraintes sociales supplémentaires, etc.), nous n’avons aucune autre solution que la décroissance immédiate et laisser s’écrouler de nombreux pans de cette civilisation dominante. Croire le contraire, c’est faire perdurer ce système mortifère pour un temps encore indéterminé et aggraver la situation.

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    • Bonjour,
      On peut effectivement aborder les solutions technologiques avec un oeil critique. Comme vous le suggérez, de simples calculs démontrent parfois que certaines de ces techniques sont très loin d’être à la hauteur du défi… Voire pire, des diversions qui nous éloignent de mesures plus efficaces. On peut certes distinguer les technologies qui cherchent seulement à surfer sur la vague de celles qui visent à un effet d’entraînement. Je ne propose sur ce site aucune solution politique ou technologique. Je me contenterai de dire qu’à mon avis, au-delà des écogestes et des initiatives originales, le problème du changement climatique se joue à une toute autre échelle. Et là je parle de ce qui se joue (ou plutôt devrait se jouer) au niveau des Etats, du fonctionnement de nos modes de production d’énergie notamment.
      Concernant le milieu journalistique, il ne faut pas se faire d’illusions sur le fonctionnement de certaines publications. Bien que le journalisme traditionnel ait ses mérites et soit souvent à l’origine d’enquêtes de qualité, la situation des pigistes n’est pas toujours si enviable… A côté de ça, il faut se dire qu’il est possible d’exprimer une parole indépendante sans passer par un média traditionnel. L’un n’empêche pas l’autre, même s’il est est vrai que la caisse de résonance n’est pas forcément la même.

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    • Les nouvelles technologies peuvent changer d’échelle. Il y a une dizaine d’années de nombreuses voix et calculs disaient que les panneaux solaires étaient hors de prix et ne couvriraient pas plus d’1% de la consommation humaine. Les prix ont baissé, et les panneaux solaires se sont énormément développés.

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      • C’est très dommageable justement, car ce changement d’échelle n’a été possible que grâce à l’accumulation des énergies dont fossiles et quelques subventions pour aider à ce «décollement». Le bilan carbone de ceux provenant d’Asie est de fait catastrophique.
        D’autant plus que le déploiement dans nos contrés (souveraineté de la production électrique, pas des panneaux, ce qui est comme le nucléaire, problématique) se font plutôt au détriment de couverts forestiers et de surface arables.

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        • En fait, on ne fait jamais d´omelette sans casser un œuf. Le bilan carbone des panneaux photovoltaiques n´est pas très bon, chinois ou pas, comparé à l´hydraulique, l´éolien ou le nucléaire selon l´Ademe. Mais 43g/kwh ou 430g par le gaz, on choisit quoi ?
          Il y a la nécessité d´un mix énergétique afin de pallier les inconvénients de chaque énergie et de cumuler leurs avantages.
          Et installés sur des toitures ou comme ombrières par exemple, il n´y a aucune répercussion …

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          • Voilà ce travers, cette « nécessité » qui aveugle tant :
            «Il y a la nécessité d´un mix énergétique afin de pallier les inconvénients de chaque énergie et de cumuler leurs avantages
            C’est ce qui se fait déjà aujourd’hui, et c’est pour cela que ni le pétrôle ni le charbon (graphite, acier, et tellement d’autres) sont prêt à être abandonnés. Tellement il y en a encore facilement extractibles. Tant que la demande croissante d’énergie sera également un impératif (comme la croissance), les énergies dites vertes sont et resteront un mythe sauver l’environnement.

            Et ce n’est pas un truc d’écolo pour les techno-progressistes, c’est un vrai sujet de recherche.

            Cliquer pour accéder à PIIS2542-5196(23)00174-2.pdf

            Navré.

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      • Bonjour,
        Concernant le prix du photovoltaique, celui-ci a baissé pour de multiples raisons et pas que des raisons de production. Les législations, les lobbies anti qui se sont reconvertis en pro, les subventions d´états distribuées n´importe comment avaient contribué à un gonflement artificiel du prix du photovoltaique.
        Il n´empêche, et pour le coup l´exemple est excellent, qu´une politique énergétique ne se fait pas en 5 ou 10 ans. Encore moins quand elle ne suscite pas l´approbation pleine et entière de l´ensemble des acteurs. Ainsi Jean Jouzelle a encore constaté récemment la différence entre la vie rêvée du Giec et la vie réelle de Total.
        Le changement de mode de vie, certes … Quand on sait qu´il faut une génération au minimum pour qu´une idée infuse dans la société, et de nombreux exemples nous montrent tous les jours que le résultat est imparfait, l´alcool ou la vitesse au volant par exemple, on comprend vite que ce n´est pas pour demain matin.
        La décroissance organisée ? Comment finance-t-on les retraites, les crédits, les politiques énergétiques à venir, pour prendre quelques exemples, sans croissance ?
        On voit bien que les solutions immédiates et qui résoudraient l´ensemble des problèmes ne sont pas pour demain.
        Alors oui, même si elle peut encourager la procrastination, la geo ingénierie SRM me paraît de plus en plus comme la vraie solution que l´on peut rapidement mettre en œuvre, qui pourrait limiter rapidement le rayonnement solaire et ses effets qui vont être chaque année de plus en plus délétères.
        Cela permettrait de gérer l´urgence qui se profile chaque jour un peu plus. Après, rien n´empêchera d´évoluer progressivement vers des sociétés plus vertueuses 🙂

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        • «La décroissance organisée ? Comment finance-t-on les retraites, les crédits, les politiques énergétiques à venir, pour prendre quelques exemples, sans croissance ?»
          Non-sujet tant que l’État en a encore la gouvernance: décroissance ne signifie pas 0 recettes ni statu quo dans l’allocation des budgets. La croissance ne finance rien, n’a jamais empêché les crises ni l’endettement.
          S’il s’agissait d’un effondrement soudain, la question ne se poserait tout simplement pas et chacun retrousserai ses manches pour sa pitance, et ce qulque soit son âge.

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        • « la geo ingénierie SRM me paraît de plus en plus comme la vraie solution que l´on peut rapidement mettre en œuvre »

          La geo ingénérie, c’est jouer à l’apprenti sorcier sachant que son application à grande échelle cumule les pollutions dues à sa mise en place avec de totales incertitudes quant aux conséquences. On nous présente aujourd’hui cette démarche comme on nous a présenté les utilisations des énergies fossiles il y a 150 ans, avec les résultats que l’on connaît.

          D’une façon ou d’une autre, il y aura décroissance de l’utilisation des matières premières. La question est de savoir si nous la subirons ou si nous pourront en gérer certains effets.

          A la décroissance de l’utilisation des matières premières doit se substituer la croissance de l’utilisation de la matière grise humaine, sociale.

          Nous connaissons l’inertie du système. C’est le changement de nos modes de vie qui, à long terme, permettra à l’espèce humaine de survivre.

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          • Bien sûr que ce sont exactement les principaux responsables de la catastrophe en cours qui veulent nous faire bouffer ces technopromesses comme unique solution. Infoutus de vouloir et pouvoir se dépêtrer de ce qui leur permet gloire et croissance «infinie». Même le milieu écoloscientifreak commence à sentir le rance en espérant de la même manière. Et il en appelle pas moins à une bonne vieille gouvernance mondiale façon Club de Rome et un pseudo-débat citoyen comme nous savons les faire. Pitoyable !

            https://reporterre.net/La-geoingenierie-solaire-ou-les-apprentis-sorciers-du-climat

            Bousillons-les, leur business et leurs gimmicks ! Plus de 200 ans qu’on fait de la crotte, il serait vraiment toujours plus stupide de persévérer comme un Shadock en s’imaginant qu’elle brillera demain même à l’aide d’un artifice technique.

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      • Bonjour,

        Oui, cela peut changer d’échelle mais dans ce cas il faudrait un changement d’échelle logarithmique … Pour les panneaux photovoltaïque (je travaillais dans ce domaine il y a 10 ans), cela a toujours été une solution envisagée comme pouvant être intéressante, les rendements ont augmenté de quelques petits pourcents en 10 ans et les prix ont chuté. Malheureusement, cette énergie n’a pas remplacé d’autres productions électriques plus polluante (comme le charbon ou le gaz) car les consommations mondiales sont toujours en hausse et les principaux inconvénients du photovoltaïque demeureront (ils produisent peu l’hiver et pas quand il fait nuit …)
        Ici, l’inconvénient de la capture de CO2 n’est pas seulement un problème de prix, nous n’avons plus 20 ans devant nous pour mettre en place des solutions et il faut surtout arrêter de croire que la solution pourrait être technologique ou scientifique. La solution est de diminuer drastiquement nos consommations et pour cela il va falloir un changement rapide de paradigme et un tout autre rapport avec la nature et notre environnement. Bref, le capitaliste, la société de consommation, ces multinationales ultra-puissante ne nous permettrons pas de dégager des solutions.

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  4. Bonjour,
    Je me demandais, vaut-il mieux pas changer complètement de système plutôt que d’y mettre des patch comme Dédale l’aurait fait ? Ne vaut-il mieux pas arrêter avec le plastique, avec tout ce qui pollue et revoir complètement nos sociétés, nos manières de vivre, nos priorités plutôt que de continuer à piller, tuer, polluer pour satisfaire quelques « besoins » bien souvent superficiels, et de rechercher à profiter des autres au lieu de profiter d’être avec l’autre ?

    Les solutions de créer des engrais par le biais d’hydrogène, ou d’utiliser des poudres de roches pour absorber du CO², ou autres me font très peur. Ça fait appel en moi une impression d’« apprenti sorcier » mélangé à « savant fou », voire de « tout changer pour que rien ne change » où pour corriger un problème mineur on emploi l’arme lourde qui produira d’autres nuisances à son tour. Science sans conscience comme dirait l’autre…

    Quelques brefs points pour illustrer ma pensée et ne pas être trop long sur les multiples exemples en lien avec l’article :
    * biochar : de ce que j’en ai compris, le biochar pose plusieurs problèmes : le carbone ainsi formé a des parties non digérées par les organismes vivants (celles qui s’approchent le plus du charbon actif), emprisonnant ainsi des polluants quasiment éternellement ne pouvant plus se dégrader, créant ainsi de nouvelles pollutions. Il faut aussi beaucoup d’énergies et tout un système complexe avec beaucoup de dépendances pour créer du biochar comme on en fait actuellement, et donc là aussi ça créé diverses pollutions en lien. Le biochar serait super pour les sols très pauvres et très sablonneux mais dégraderait durablement (voire éternellement) les sols riches et argileux. À noter qu’on ne sait toujours pas comment a été fait la terra preta dont s’inspire le biochar ;
    * poudre de roches : Il faut énormément de ressources premières et d’énergies pour créer ces poudres, et donc cela créé diverses pollutions (et destructions). Il semblerait aussi que ces poudres une fois utilisées polluent durablement les sols et l’eau ;

    Depuis des millions d’années le carbone et les divers gaz ont été gérés sans notre intervention, sans même notre existence. Par exemple, les végétaux stockent le carbone mais aussi produisent divers aérosols dans l’air permettant entre autres l’apparition de pluie et de brouillard réfléchissant tout en rafraichissant le sol. J’ai l’impression que l’on cherche souvent à faire compliqué alors qu’on peut faire simple et à notre portée. Il serait bien plus simple à mon avis de reboiser massivement tout en évitant la monoculture, s’inspirant par exemple des jardin-forêts et de la permaculture ou des joualles, voire de l’agroforesterie comme joliement souligné dans l’article. Laisser les végétaux pousser au lieu de tondre les jardin, les golfs et de bitumer ou bétonner. Arrêter de mettre la terre à nue lors des cultures et pailler au possible. Arrêter avec les tracteurs qui tassent les sols, empêchant l’eau de circuler et la vie de prospérer. Passer à l’échelle humaine et au échanges locaux. On ferait alors plusieurs coups en une fois : plus de biodiversité, moins de carbone, moins de pollution, et peut-être serait-ce le début d’une vie pérenne pour notre espèce et celles existantes.
    Il n’y a pas besoin de fabrication artificielles d’engrais, et encore moins avec l’aide d’hydrogène ou nucléaire ou autres appel à industries engendrant leurs problèmatiques. On a toutes les ressources et assez de savoirs nécessaires pour se séparer de ces méthodes d’un autre temps : on urine, on défèque, on sait comment agrader des sols grâce aux végétaux. Il n’y a pas besoin de chose complexe nécessitant des dépendances à une industrie ou à des futures multinationales.
    Et de la terre, on en a encore beaucoup pour le moment qui restent encore arables, bien que ça ne va pas durer (~50 ans aux USA, 70 aux UK, etc.) si on continue nos bêtises avec l’agriculture industrielle. C’est pile le moment pour agir dans l’urgence, et de, par exemple, demander aux collectivités d’investir dans des jardin-forêts, de demander aux chanceux ayant des jardins de laisser pousser les « mauvaises herbes » et autres végétaux, même si ça fait « moche » comme Buffon le dirait. On en a vitalement besoin, pour entre autres retenir l’eau des pluies, pour rafraichir les régions, pour se nourrir (très grosse problématique à venir), pour redonner de la force au vivant.
    Et je doute fortement qu’il faille attendre que les gouvernements s’inquiètent réellement de la problématique et agissent à juste échelle, leurs préoccupations sont bien autres manifestement et plus dans la répression des personnes désirant changer leur système.

    Il est aussi important je pense de souligner que le bouleversement climatique n’est qu’une des 6 limites planétaires que nous avons dépassé (et peut-être même 7 avec l’acidification des océans qui arrive à grand pas) des 9 définies, et elle en est la moins grave.
    Nous avons un effondrement de la biodiversité, des pollutions monstrueuses et autres, et tout cela à cause de notre mode de vie.

    Si on veut vraiment agir dans l’esprit de « sécurité de toutes les villes de la Planète », je pense qu’il faut à tout prix éviter de ne regarder le problème que par la lorgnette du bouleversement climatique qui commence tout juste à s’activer et aux solutionnismes qui s’y accompagne, mais prendre à la racine le mal et agir en conséquence : notre manière de vivre.

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  5. Il faut beaucoup d’algues pour remplacer une partie des matières premières des aliments du bétail par des algues. Cette industrie représente une quantité de 1600 millions de tonnes.

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    • D’autant plus que les aménagements que cela demandera, poseront d’autres problèmes. Et comme nous ne changeons pas de paradigme productif, l’effet rebond sera encore plus dévastateur (ces algues aussi feront l’objet du cycle de Krebs et donc d’un retour rapide en CO₂ dans l’atmosphère, vous avez dit greenwashing ?).
      Il faudra bien admettre un jour que l’industrialisation d’une production implique un travail immense de transformations destructrices avant de massivement en prendre les fruits puis implique des moyens nécessitant des spécialisations, des hierarchies pour le respect des exigences de toute infrastructure indispensable pour et durant son fonctionnement. L’admettre ouvrira enfin une autre perspective critique que cette façon de produire est une très grosse partie de nos problèmes. Ainsi on pourra aussi abandonner nos prétentions particulières àpetite échelle à vouloir soigner la planète entière, en imposer ses méthodes et son rythme planifié afin de réparer et se focaliser un peu plus sur notre environnement proche sans suspecter que notre voisin cherchera à nous nuire.

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      • Les algues font bien sûr le cycle de Krebs, mais elles utilisent aussi une partie du carbone atmosphérique pour leur structure: un kilo de bois ou d’algues séchées contient toujours de l’eau mais aussi du carbone. Certaines algues vivent des centaines d’années, ou tombent au fond de l’océan, où finirait le carbone.

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        • J’aurai plutôt mis en avant l’activité photosynthétique en ce qui concerne la croissance de leur structure (respiration) et donc le cycle de Calvin-Benson-Bassham qui prévaut. Le cycle de Krebs était plutôt vu comme son retour prématuré en CO₂ dans l’atmosphère lorsqu’il se trouve sous forme de substitut alimentaire pour ruminants.

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          • Surtout si nous avons des capitaines d’équipages qui agrandissent les voies d’eau.
            De Macron à Delga, ce que nous voyons aujourd’hui se cristaliser autour de l’A69 est l’évidence de ce qu’est la science et leurs travailleurs pour ces énergumènes : une caution à leurs délires de puissance. Même pas réelle, mais projetée.
            Désertez leurs armées ! Soignez le peuple et son environnement meurtri. De la reconnaissance, elle en sera bien plus sincère.

            https://atecopol.hypotheses.org/9021

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