Climat

Bill, je suis une scientifique

Bill Gates a récemment fait une déclaration particulièrement irréfléchie, « I don’t use unproven methods such as trees, are we the science people or are the we idiots ? » (vidéo de l’interview, min 18, commentaire), ce qui veut dire « Je n’utilise pas de méthodes non prouvées telles que les arbres, sommes-nous des scientifiques ou des idiots ? ». C’est peut-être la pire phrase qu’il ait prononcé de toute sa vie. Bill, en ce qui me concerne, je suis une scientifique. J’aimerais t’expliquer deux ou trois points. 

Les températures de la Planète ont atteint un nouveau record en septembre, la valeur maximale précédente a été dépassée de 0.5°C (JL). Si cette vitesse de réchauffement continuait, la Terre serait de 5°C plus chaude en trente ans, et de nombreuses régions de l’Europe de 10°C plus chaudes, nous espérons donc que ce saut restera une exception, et la météo possède bien sûr une variabilité intrinsèque. El Niño provoquera probablement un réchauffement supplémentaire au printemps 2024, il atteint généralement son apogée à cette période de l’année. Et les prochaines décennies pourraient bien apporter des températures plus élevées et des catastrophes plus graves. De plus, le réchauffement provoque l’acidification et la désoxygénation des océans. L’eau plus chaude, appauvrie en oxygène ne permettra la survie de nombreux poissons, leurs habitats possibles se réduiraient et elle garderait cette température longtemps. Même un réchauffement momentané à 2°C affecterait la vie des océans pour des centaines d’années (CSIRO-Météo France). Les forêts tropicales pourraient aussi succomber à une année particulièrement torride, et d’autres boucles de rétroaction déstabiliseraient plus encore les conditions de vie sur Terre. Il faut donc garder le climat terrestre à une température aussi basse que possible.

Pour cela, nous devons limiter au plus vite le CO2 atmosphérique. Les promesses actuelles des Etats sont insuffisantes même pour atteindre les objectifs de la COP21. Il faudrait extraire de l’atmosphère entre une et trois gigatonnes supplémentaires d’équivalents de dioxyde de carbone (lien). 

Les arbres sont la façon la plus fiable de réduire le carbone atmosphérique. Celui -ci devient bois, car les arbres sont composés à moitié de carbone. Il enrichit aussi le sol grâce aux feuilles qui tombent et aux racines. Celles-ci nourrissent un écosystème de bactéries et d’animaux, aussi composés pour moitié de carbone. De plus, la végétation retient et protège le sol, tempère le climat local, et favorise la formation de nuages de taille normale. Notre biosphère fonctionne ainsi depuis plus de 300 millions d’années, bien avant l’apparition de l’Humain, et nous y sommes adaptés. De nombreuses études scientifiques préconisent ce type de solutions, et il y a plusieurs façons complémentaires d’augmenter le nombre d’arbres sur la Planète.

Nouvelles études scientifiques sur la capture du CO2 par la végétation

Une étude récente propose trois voies pour réduire l’effet de serre : d’une part la réduction des différents gaz à effet, d’autre part une augmentation de la capture de carbone, et finalement la réduction de la déforestation. Le contrôle des gaz fluorés peut être effectué par l’exigence de meilleurs réfrigérateurs ou le recyclage des anciens, le protoxyde d’azote et le méthane sont émis par des processus agricoles, et pourraient être réduits. Une taxe sur les émissions agricoles pourrait être nécessaire pour y parvenir et acceptable pour le public (lien). Cependant, les solutions les plus évidentes sont la capture du carbone et l’arrêt de la déforestation (lien). La végétation semble la meilleure technologie disponible aujourd’hui à grande échelle.

Les forêts boréales et tempérées sont maintenant les principaux puits de carbone de la Planète (lien).  A l’échelle mondiale, les stocks de carbone de la biomasse terrestre ont augmenté entre 2010 et 2019 d’environ 500 millions de tonnes de carbone par an, en particulier dans les régions tempérées et boréales, ou les conditions climatiques ont favorisé la végétation aux cours des dernières décennies. Cependant, nous pouvons regarder autour de nous et constater qu’il y a encore de la place pour des nombreux arbres ou arbustes. Les jungles tropicales, plus anciennes et dégradées par la déforestation, les incendies et la sécheresse, sont aujourd’hui presque neutres en carbone. Elles en émettaient même un peu. Cependant, si la surface boisée augmentait dans ces régions, si de nouveaux arbres reprenaient sur les terres défrichées, ils capteraient du carbone. Cette année, le nouveau président Brésilien Lula a déjà réduit la déforestation de l’Amazonie de deux-tiers. C’est formidable, il faudrait aussi laisser les arbres repousser dans les zones déforestées.  

Les terres abandonnées

Par contre, de nombreux champs ont été abandonnés sur la Planète depuis 2003. Les raisons sont diverses : la dégradation des terres, les changements institutionnels et socio-économiques, les catastrophes, les conflits armés et l’urbanisation.

Une meilleure gestion de ces champs délaissés serait une excellente solution pour le climat. Ils pourraient produire plus d’aliments ou capter du carbone. S’ils étaient cultivés pour la production alimentaire, la pression pour défricher les forêts se réduirait, ce qui protégerait les forêts existantes. Si les terres cultivées abandonnées étaient reboisées, les jeunes arbres pourraient aider à extraire de l’atmosphère le dioxyde de carbone responsable du réchauffement de la planète et contribuer à l’atténuation du changement climatique.

En analysant les données géospatiales, les chercheurs ont découvert que sur les 101 millions d’hectares de terres cultivées abandonnées dans le monde, 61 millions d’hectares étaient propices à la culture. Le rendement de ces terres a été calculé d’après celui des champs environnants. Elles permettraient de produire suffisamment de nourriture pour nourrir entre 292 et 476 millions de personnes par an, et, avec l’aide d’améliorations agricoles telles que l’irrigation, elles nourriraient jusqu’à un milliard de personnes.

En outre, les chercheurs ont également établi que 83 millions d’hectares de champs incultes dans le monde étaient propices au reboisement. Si des arbres y poussaient, ils pourraient absorber jusqu’à 1 066 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an.  La gigatonne de gaz carbonique dont nous devons disposer pourrait donc être absorbée par des arbres plantés sur les terres inutilisées. Cela suffirait pour atteindre les promesses de Paris. 

Si l’usage des terres est optimisé, avec les terres les plus fertiles réservées pour l’agriculture, l’afforestation capterait encore environ 750 Mt de CO2 (lien). Certaines terres agricoles pourraient de plus être couvertes de noyers, de marronniers, d’amandiers, de moringa qui nourriraient les populations. Les zones adaptées surtout au reboisement devraient y être consacrées immédiatement. 

Arbres oxalogènes

Plusieurs scientifiques soulignent qu’il vaut mieux éviter les monocultures, privilégier les forêts variées ou, encore mieux, la repousse naturelle. Chaque région devrait probablement être examinée séparément, et une solution adaptée choisie. La reforestation artificielle devrait seulement être pratiquée là où les arbres ne prennent pas spontanément.  

Un autre problème est l’albédo, provoqué par la couleur de la surface. Un désert de sable clair ou l’herbe jaunie renvoient plus de rayons de soleil que les arbres, il faut prendre cela en compte dans la planification des plantations, d’où le choix des eucalyptus à certains endroits. Par contre, les plantes enrichissent le sol en carbone et le stabilisent. 

D’autres solutions, telles que l’intégration des arbres dans les zones cultivées et l’agriculture de conservation permettent aussi une capture de carbone accrue. L’agroforesterie peut permettre à l’agriculture de supporter la chaleur et l’irrigation pourrait être développée et bénéficier d’innovations technologiques.

Un autre article présente les arbres oxalogènes. Ceux-ci sécrètent dans le sol une molécule que des bactéries spécifiques, transforment en dépôts de carbonate de calcium. Par la photosynthèse l’arbre produit de l’acide oxalique dans ses tissus : feuilles, écorce, racines. C’est le cas de tous les arbres, mais la production de certains est plus abondante. L’acide oxalique est transformé en carbonate de calcium. Une étude récente propose de planter de tels arbres sur les terres arides en ajoutant au sol les bactéries spécifiques qui provoquent la formation du carbonate de calcium (lien). Ils pourraient capter encore plus de carbone sous une forme stable. Une combinaison optimale de sol, type d’arbre et bactéries pourrait améliorer le sol et y immobiliser le carbone. Si cela fonctionne bien, celui-ci serait déposé dans le sol pour une longue période, et sinon les arbres eux-mêmes en accumuleront dans leurs troncs, branches et racines. Ces plantations utiliseraient des zones désertiques ou en voie de désertification. Elles pourraient prospérer sur les versants nord des collines, un peu plus humides et contribuant moins à l’albédo.

Les solutions basées sur la Nature pourraient nous permettre d’atteindre et même de dépasser les promesses de Paris. Je ne demande pas du tout de remplacer les panneaux solaires par des arbres. Je crois que le timing est essentiel, et qu’il nous faut faire, plus vite, pour assurer la sécurité de l’Humanité, tout en continuant le remplacement des énergies fossiles par les énergies renouvelables, il faut multiplier les solutions naturelles de capture de carbone l’année prochaine. Climeworks recommandé par Bill Gates en éliminera peut-être assez dans trente ans, mais ce jour-là nos villes pourraient ressembler à la Libye dévastée par l’inondation récente, où des immeubles entiers ont été emportés par les flots. Un réchauffement d’un degré a déjà apporté plus d’un mètre de pluie de pluie par endroit, et une température de 49.8°C au Canada ou de 60°C au Bahrein. Ces valeurs sont clairement à la limite du supportable pour l’humain, et celle-ci sera de plus en plus souvent franchie. En Australie, les eaux ont submergé une ville jusqu’à une hauteur de 17 mètres. Nous verrons de toute façon des catastrophes plus graves. des inondations croissantes sont prévues par le GIEC. Plantons aujourd’hui les arbres qui capteront les carbone et nous protégeront des aléas du climat dans dix ans. Il vaudrait même mieux utiliser des plantes qui absorberont beaucoup de carbone dans quelques années déjà. Des nombreuses initiatives en ce sens ont déjà commencé (menées par exemple par prof. Tom Crowther), mais elles pourraient changer d’échelle. L’agroforesterie pourrait permettre d’en planter plus. La question de l’exploitation des cultures dans quarante ou cinquante ans est secondaire par rapport à la maîtrise du climat au cours des prochaines décennies. Les forêts ne survivront pas toutes au changement climatique, aux feux, aux sécheresses et aux maladies nouvelles. Nous pourrions bien en perdre la moitié, alors il faut en prévoir plus, une quantité suffisante pour sauver la Planète.

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15 réponses »

  1. Bill est ce qu’il est : un technocrate voire un technofasciste qui use de sa position privilégiée ou du moins celle que trop de personnes lui accordent et préférant accuser l’Homme plutôt que l’Industriel (comme s’ils avaient réussi à se séparer !). Cela se voit avec sa fondation dite philanthropique ou s’est vu lorsqu’il s’agissait d’imposer la monoculture de ses logiciels (embrace, extend & extinguish), de l’entreprise jusqu’aux foyers dans le monde entier. Pourquoi donc se préoccuper de ce qu’il pense ou dit lorsqu’il n’a aucune légitimité dans ce domaine ?

    Un point qu’il faut absolument refuser c’est effectivement toute forme de monoculture – moche, pauvre, industriellement dévastatrice. Et donc pas que pour les végétaux; puisque nos petits chefs semblent connaître le terme « résilience ». De notre côté, nous supportons le sylvopastoralisme et la RNA pour réparer les dégâts du remembrement. Je pratique personnellement le BRF avec le reste de mes conduites ou de mes entretiens pour nourrir, protéger et «renforcer» le sol. Plutôt que d’envoyer ça en déchetterie et se faire carboniser pour alimenter le Moloch. Replanter pour replanter est de l’hérésie et 2022 nous l’a rappelé, ou bien pour une petite gloire à la Brémontier que cherche à obtenir un président français en coupant en douce d’autres platanes par exemple. La trame du vivant ne nous a effectivement pas attendu pour faire en sorte de se sentir au mieux et optimiser ses échanges – tentez de mélanger «scientifiquement» des communautés humaines déplacées de force et chacun comprendra. Le saltus plutôt que l’artificialisation, je reste quand même circonspect pour forcer la réintroduction d’essences où rien ne semble vouloir l’accepter ou pousser pour satisfaire notre empressement.

    Nonobstant, je n’ai pas très bien compris le problème de l’albédo rapidement évoqué. La crainte que cela «grille» ? Et pourquoi ne pas partir sur du travail de l’étage inférieur ou des pionnières ? Elles aussi participent au stockage dans le sol, favorisent le WWW/réseau mycorhizien et à la conservation de l’humidité.

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    • « Pourquoi donc se préoccuper de ce qu’il pense ou dit lorsqu’il n’a aucune légitimité dans ce domaine ? »
      il n’a en effet pas beaucoup de légitimité dans ce domaine mais il reste une personne très influente et c’est une pensée assez répartie malgré tout de ce que j’ai pu constater. Et il a aussi de la marchandise à vendre en lien, avec de très gros budgets/enjeux économiques derrière. Passer un peu de temps à contre argumenter peut aider à faire progresser les choses dans le bon sens je pense. Et puis ça permet aussi de partager du savoir 🙂 (et aussi, pour ma part, un petit moment de rigolade en écoutant Big Billou)

      « je n’ai pas très bien compris le problème de l’albédo rapidement évoqué. La crainte que cela «grille» ? »
      Si j’ai bien compris, la crainte serait que ça contribue à augmenter la température à des endroits où le soleil tape déjà bien fort. Absorbant la lumière de par le côté sombre des feuilles, contribuant ainsi à une augmentation locale des températures au lieu de refléter la lumière comme le ferait la neige ou le sable. Avec certaines essences on peut aider à refléter la lumière, tout en stockant du carbone (contrairement au sable ou neige). Et les eucalyptus seraient assez réputés pour avoir un bon équilibre à ce sujet, avec des feuilles assez claires et réfléchissantes, tout en poussant rapidement ce qui permet de stocker rapidement du carbone. Sur une zone où le soleil va se mettre à taper fort prochainement (ex: désertique), si je comprends bien il vaudra mieux faire attention au type d’essence semé/planté, surtout si on fait ça à grande échelle, car ça pourrait avoir des conséquences néfastes par la suite (faire plus de mal que de bien).

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      • Le principe semble bon et évident, mais il n’empêche pas une canopée amazonienne bien plus sombre et dense de réguler température et humidité entre les cimes et le sol, soit la couche aérienne où nous vivons.
        C’est que pour en arriver à ce stade au plus vite puisqu’il faut voir à terme malgré que le climat changeant actuel n’est pas plus fixé que la trajectoire d’une roquette avec ses ailerons branlant, on risque de tomber aussi dans certains travers (enjeux commerciaux, parasitisme de l’essence choisie, etc.) plutôt que de laisser la nature faire à sa guise.

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    • L’albédo est la capacité de réflection des rayons du soleil. Une surface sombre absorbe plus d’énergie, comme un habit sombre chauffe au soleil. Une surface claire en reflète plus et limite le réchauffement, surtout en été. La glace sur la mer Arctique reflète le soleil en été s’il n’y a pas de nuages. Pour cette raison, la fonte de la glace sur l’océan Arctique et autour de l’Antarctique augmentent le réchauffement, et certains scientifiques craignent qu’une reforestation des déserts le ferait aussi. Cela dit, les nuages ont aussi un effet, certains reflètent le soleil, d’autres absorbent de la chaleur.

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      • Justement, en conséquence le rayonnement IR se retrouvera principalement bien au-dessus de nos têtes et aura à mon avis bien moins de retour vers le sol (épaisseur du feuillage, effet couverture inversé). Le sol ainsi ombragé ne sera pas plus brûlé par le soleil et s’il reste un peu trop d’humidité, l’arbre pourra toujours se charger de transpirer à notre place sans problème. Alors qu’un feuillage clair et clairsemé laissera passer et/ou réémettra toujours un peu plus de bandes du spectre visible (énergie) dans toutes les directions.

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  2. Bonjour,
    J’habite une petite région Wallonne (Belgique, Europe) qui se nomme La Famenne. C’est une zone schisteuse.
    Elle est traversée par une rivière de taille moyenne : L’Ourthe.
    Cette région se réchauffe plus vite que les autres, il y pleut de moins en moins.
    La moyenne habituelle était de +/- 900 mm il y a 20 ans. Elle tourne aujourd’hui à +/- 630 mm.
    C’est une région peu urbanisée consacrée à l’agriculture et exploitation forestière.
    Depuis une quinzaine d’année, le tourisme (sur-tourisme, dirais-je) a pris une place importante dans le paysage économique. Dans le paysage tout court également.
    Puisque nous parlons des arbres, une partie des forêts plantées le sont de chênes (et de hêtres). Ils doivent avoir 80 ans.
    Le manque d’eau a eu raison d’une bonne partie d’entre-eux. environ 50% en quelques années (moins de 5 ans)
    Cette forêt que j’ai connu luxuriante est aujourd’hui occupée à disparaître.
    Réchauffement, manque d’eau et maladie ont eu raison de chênes quasi centenaires.
    Parmi ces chênes, il y a un arbre de légende. Point culminant de la forêt, c’est un arbre à clous, arbre « religieux » avec une petite chapelle et un banc pour se recueillir.
    Lui aussi est mort !
    Planter des arbres, oui…mais trouver des endroits où ils pousseront devient compliqué.
    En Europe aussi !

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    • « Planter des arbres, oui…mais trouver des endroits où ils pousseront devient compliqué. »
      Ça devient en effet compliqué de choisir quels arbres mettre. Entre les hausses actuelles de températures et de sécheresses, les possibilités futures de températures délirantes (+2°C ? +4.5°C ?) et rapidité d’évolution, ça limite pas mal de choix mais il reste quand même quelques arbres qui tiennent le choc dans ces régions, comme le cormier (sorbus domestica), le chêne vert (quercus ilex), le pois de sibérie (caragana arborescens), et autres arbres comestibles du genre qui supportent des périodes marquées de sécheresse voire de froid prononcé pour certains.
      Pour les anciens arbres, malheureusement ils ne peuvent pas migrer ou s’adapter assez rapidement, et une bonne partie est appelée à ne pas résister.

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  3. bel article 🙂 Merci.

    En plus de nourrir un écosystème de bactéries et d'animaux, les arbres permettent un développement important de mycorhize et donc de réseaux mycéliens, stockant ainsi du carbone dans le sol. Cela fait aussi « éponge », conservant de l'eau qui sera redistribuée plus tard suivant les besoins. Eau qui sera aussi utilisée pour la photosynthèse et donc récupérer du carbone à son tour.
    Mycorhize qui permet aussi de faire des échanges de nourritures et d'informations avec la très grande majorité des végétaux (pas tous), sur de (très) longues distances.
    C'est une info intéressante à placer je pense car ça a pas mal de répercussions ne serait-ce que sur la gestion du carbone.

    À part : de ce que j'en ai compris, en dehors du carbone, quelques avantages de la mycorhize :
    ça permet une meilleure gestion du stresse hydrique (cf éponge) ; ça renforce la structure et l'aération du sol et évite donc l'érosion car agissant comme plein de petites racines ; ça aide à modifier l'odeur et la saveur d'une plante afin qu'elle puisse se défendre lors de prédation ; ça permet de donner des nutriments aux plantes qu'elles ne savent pas récupérer / produire et dont elles ont besoin ; ça aide l'activité hormonale et l'autorégulation des plantes ; ça aide à la résistances aux pathogènes et métaux toxiques ce qui permet de « nettoyer » le sol ; ça multiplie par 100 le volume du sol exploré par les racines d'une plante ; et ça permet aussi d'avoir des sporophores qui sont aussi des sources de nourritures pour pas mal d'animaux (dont nous).
    Ça agrade donc le sol de plein de manières, directes ou indirectes.
    C'est aussi pour cela qu'il n'est pas recommandé de faire des labours, car ça casse les réseaux mycéliens et donc les échanges entre plantes et les prive ainsi des divers avantages de la mycorhize, en plus de tuer plein de bactéries nécessaires aux plantes et de déranger le vivant (tout comme la bouillie bordelaise, utilisée aussi en entre autres en bio).

    Si on ne reste que sur le carbone, les arbres permettent aussi de décompacter les sols, d'y filtrer et stocker l'eau en profondeur, irriguant ainsi la terre sur du long terme et de très grandes distances, permettant ainsi à de futures végétations de produire de la photosynthèse et donc de stocker à nouveau du carbone (et à nous de boire).
    Contrairement au béton ou autres sols tassés par les tracteurs, camions, SUV et cie, où l'eau y ruisselle, n'irriguant pas la végétation locale, se pollue (parfois « éternellement ») à cause de nos activités, se déverse dans les rivières et océans en y détruisant la vie localement plus ou moins lentement, pour se retrouver par la suite évaporée et redevenant pluie, créant une boucle de rétroaction de pollution et de mort qui par exemple fait que de nos jours l'eau de pluie n'est plus potable car cancérigène et remplie de produits chimiques.

    À part aussi : certains arbres permettraient aussi d'aider à dépolluer les sols, comme les saules par exemple pour ce qui est de la pollution par hydrocarbure. Pollution des sols qui est un des enjeux majeurs à corriger au possible et au plus vite pour espérer une vie pérenne (cf limites planétaires).

    Pour ce qui est de l'augmentation des températures et de la protection des aléas du climat, il est important aussi je pense de souligner l'impact sur la biodiversité qui actuellement se meurt.
    Ces températures (49.8°C au Canada ou de 60°C au Bahrein) sont néfastes (mortelles suivant l'humidité présente) pour les humains, mais aussi pour beaucoup de non-humains.
    Nous sommes dans les débuts de la sixième extinction de masse (cf genres) qui progresse extrêmement rapidement, par notre faute. Et sans la biodiversité nous entourant, nous ne survivrons pas.
    Même si on arrivait à corriger le problème du réchauffement climatique pour revenir « à la normale » (ce qui n'est plus possible) notre existence serait malgré tout prochainement menacée à cause de la 6ème extinction de masse en cours (et autres limites planétaires). Nous ne pouvons exister de manière pérenne sans la biodiversité. C'est une des limites planétaires dépassées, et plus grave que le climat qui est pourtant gravissime.
    Une bonne analogie je trouve, à des fins de vulgarisation, c'est de représenter la biodiversité comme étant une sorte de vélo géant avec lequel on se déplacerait constamment, où plus il y a de genres et d'espèces, plus les roues se mettent à tourner rapidement et harmonieusement, créant un équilibre stable. Actuellement, on a exterminé tellement de vivants que le vélo vacille de partout, et si par malheur on en arrivait à tomber du vélo on ne pourrait plus jamais s'en relever et notre mort en serait assurée. À noter que nous savons qu'on vacille, mais nous n'avons aucune idée d'où se trouve le point de non retour, qui ferait que quoi qu'on fasse on ne pourra éviter la chute mortelle.
    Semer massivement des arbres (diversifiés, sans monoculture, de manière raisonnée, etc.) permet donc aussi de protéger un peu plus la biodiversité, de faire un abri et un lieu de vie pour beaucoup d'Êtres qui nous apportent énormément de services, directement ou non.
    Si on ne devait regarder les choses qu'égocentriquement, pour ce qu'elles nous apportent, sauver le vivant c'est avant tout nous sauver.
    C'est permettre de limiter des maladies qui nous ravageraient, c'est d'avoir des sols qui nous permettent de se nourrir, des eaux qui nous permettent de boire, de respirer et se nourrir, un équilibre psychologique qui nous est vital avec des émerveillements et du bien-être, c'est aussi des avancées scientifiques pour par exemple améliorer notre santé, etc. (on pourrait en faire d'énormes listes bien plus réfléchies et pertinentes que ça).
    Et plus il y a du vivant, plus on stocke durablement du carbone, car la vie est faite de carbone et d'eau. Stockons le carbone : protégeons le vivant 🙂
    Dans l'article il a été souligné les animaux en lien avec la décomposition des feuilles et aux racines mais il me paraît important d'ajouter une partie plus large du vivant en lien avec l'ensemble du sujet. Ce n'est peut-être pas le plus gros sur le côté carbone, mais c'est très gros sur le côté problèmes écologiques en lien avec notre survie et où les arbres se sont montrés à nouveau redoutablement efficaces.

    Après, je pense que Bill Gates en soit n'a toujours été qu'un homme d'affaires assez doué dans ce domaine, mais certainement pas un scientifique ou quoi que ce soit d'autre qu'il essaye de se faire passer pour ; et je pense qu'il vient à nouveau de le démontrer de manière flagrante.

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  4. Et ma petite contribution sur le côté coquille/typo/ortho/etc, que j’ai pu repérer dans l’article, si ça intéresse (et espérant ne pas passer pour un relou, mon but ici n’est qu’essayer d’apporter ma petite pierre à l’édifice de ce bel article, du coup peut-être pas rendre ce commentaire public ?) :

    Tites coquilles : « la sécurité de l’Humanité. out en », manque aussi l’accent à « integration », manque un s à « les remplacement ».

    Typos :
    – espace en trop avant virgule (ex: «) , ») ;
    – espace en trop avant le point (ex: « d’échelle . » ) ;
    – espace manquant avant un point d’interrogation (ex: «des idiots? »). Contrairement à l’anglais où on n’en met pas ;
    – espace manquant avant un double point « effet de serre: d’une » ;
    – espace en trop à « Celui -ci » ;
    – doubles espaces fréquentes au lieu d’une espace simple (ex: « sur Terre. Il »).

    Il manque aussi des accents sur les majuscules (ex: « A l’échelle »). C’était toléré à une époque mais à nouveau déprécié de nos jours (cf https://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/accent-majuscules-capitales/ ).

    À noter aussi que « frigo » est une marque. À la place on devrait « réfrigérateur », mais bon, depuis le temps, frigo est passé en langage courant.

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    • Merci d’avoir relevé ces coquilles, le message étant bienveillant il n’y a aucun problème au contraire. Je pense que certaines erreurs sont peut-être dues au support sur lequel l’article a été écrit à la base. Les corrections ont été effectuées, j’espère qu’il ne manque rien. En ce qui concerne les accents sur les majuscules, elles sont conservées ici sans accent car je ne suis pas sûr que tous les navigateurs supportent l’accentuation de la même manière. Merci !

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      • « Merci d’avoir relevé ces coquilles »
        Avec plaisir 🙂

        « sans accent car je ne suis pas sûr que tous les navigateurs supportent l’accentuation de la même manière »
        Si j’en crois le code source de la page, il y est précisé que la page est rédigée en UTF-8 (cf « »).
        Tout client Web (navigateur) qui va sur Internet de nos jours doit supporter l’UTF-8, et donc afficher l’accentuation de la même manière. Surtout pour les accents qui sont depuis très longtemps définis en UTF-8 (au contraire de certaines icônes par exemple).
        Si ce n’est pas le cas, c’est que le système d’exploitation utilisé par l’ordinateur n’a pas été mis à jour depuis au moins une dizaine d’années et ne devrait pas aller sur Internet de nos jours à cause des nombreuses failles de sécurité en lien (SSL, etc.).
        Et si le client ne supportait pas l’UTF-8, ça serait toute la page qui serait mal affichée au niveau des accents (majuscules comme minuscules), vu que dans le code source de la page Web les accents ne sont pas traduits en code html mais sont écrit en UTF-8.
        Les majuscules peuvent donc être raisonnablement mises accentuées si besoin 🙂

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        • Merci d’avoir aussi regardé le code source 😉. L’encodage est bien UTF-8 et ça devrait passer en effet et ne pas générer de caractères spéciaux à place. Je pense tout de même conserver la majuscule sans accent, sait-on jamais… Il est certain que des textes entiers avec capitales sans accent, c’est imbuvable. Heureusement, la majuscule de début ne suscite pas trop de quiproquos. Merci d’avoir pris le soin de vérifier, la précision est intéressante.

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  5. Autrefois, il n’y a pas si longtemps, je pouvais mettre sans difficulté mon nom, Parmantier, ce qui permettait une meilleur identification. Maintenant, cette possibilité est beaucoup plus compliquée. Je n’ai aucunement l’intention de me soumettre à des fourches caudines de serveurs informatiques. Les contributeurs vont-ils rester anonymes aux yeux de tous, mélangeant les argumentations et s’ôtant la possibilité de connaître les réponses à leurs commentaires.

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    • Bonjour Parmantier, j’ai constaté également que les contributeurs apparaissent sous un pseudo anonyme dernièrement. Etant de l’autre côté de la gestion des commentaires, je n’ai pas la même expérience utilisateur. Il y a donc eu un changement dans la gestion des commentaires, je vais regarder ça. Désolé pour le désagrément

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  6. Bonjour, je redécouvre avec plaisir vos articles, que je suivais déjà très irrégulièrement dans « Le Temps ». La réaction de Bill Gates ne m’étonne pas vraiment. Elle est le reflet d’une espèce de différence de classe existant dans le monde des Sciences entre les sciences exactes et les sciences naturelles, plus empiriques et où l’expérimentation est bien plus difficile, dépendant de nombreux facteurs difficiles à contrôler. Géologue de formation, je rigole doucement lorsque je vois les ouvrages construits par les ingénieurs emportés par une crue millénaire qu’une simple analyse du paysage aurait pu prévoir… Nous vivons malheureusement dans un monde qui prétend tout anticiper et tout calculer comme le font les ingénieurs et cette attitude me semble particulièrement contre productive à un moment délicat de l’évolution de notre climat et de nos écosystèmes. Dans un commentaire, une personne nous parle de son désarroi en constatant que même les chênes sont en train de mourir. Les écologues, ayant voulu appliquer la même logique que les ingénieurs à leur science nous disaient que le chêne était l’espèce « clé-de-voûte » de ces forêts. Mais voilà soudain que les chênes meurent… Que faire? Il est grand temps, à mon avis, de revenir à l’expérimentation. De ne pas avoir peur de se tromper et, surtout, d’avoir les idées larges. Je défends depuis quelques années l’idée de permettre le retour de tous les taxons que les glaciations ont fait disparaître et je constate qu’il y a dans nos esprits un terrible bloquage. Alors que dans certaines régions d’Europe les températures moyennes ont déjà grimpé de 2 à 4 degrés (dans les régions boréales), les scientifiques et les autorités en sont encore à financer massivement des projets de « restauration » de la nature dont le but avoué est de « reconstituer » les écosystèmes existants avant l’arrivée de l’Homme. L’arrivée de nouvelles espèces est vue comme une terrible catastrophe. Dans un monde qui change à une telle vitesse, il me semble que nous avons un grave problème. Car quand bien même beaucoup de personnes de déclarent conscientes du problème du changement climatique, bien peu sont réellement disposées à accepter les conséquences que se changement climatique aura sur nos écosytèmes. Désolé de m’être étendu à ce point. Si ma démarche vous intéresse, n’hésitez pas à cliquer sur le lien associé à mon nom…

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