Climat

Nouveau record de chaleur en septembre

Avec +1.128°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de septembre 2023 est de très loin le plus chaud des archives ERA5. Le précédent record de 2020 (+0.63°C) est dépassé de 0.5°C. A trois mois de l’échéance, on peut dire que l’année 2023 sera très probablement la plus chaude jamais observée.

Les réanalyses comme ERA5 (ECMWF) intègrent de multiples observations dans un modèle permettant de suivre quasi quotidiennement l’évolution du climat. Elles sont produites par assimilation de données, un processus qui repose à la fois sur des observations et des modèles utilisant les lois de la physique et les observations passées. Les données sont actualisées de manière journalière, contrairement aux bilans mensuels des stations au sol.

Anomalie de température en septembre 2023 par rapport à 1981-2010

Avec +1.128°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, le mois de septembre 2023 est de très loin le plus chaud des annales ERA5 qui remontent à 1979. Par rapport à la nouvelle période de référence 1991-2020 utilisée par ERA5, l’anomalie est de +0.932°C. Après juin, juillet et août c’est le 4e mois d’affilée marqué par un record de chaleur.

Le graphique ci-dessous montre les 10 anomalies globales les plus élevées jamais observées en septembre. L’anomalie en 2023 est encore plus impressionnante que les records des mois précédents.

Top 10 des anomalies ERA5 en septembre par rapport à 1981-2010

Après une période La Niña exceptionnellement prolongée, des conditions El Niño sont désormais présentes et devraient encore se renforcer au cours de l’hiver 2023-24. L’anomalie dans la région Niño 3.4 a atteint +1.59°C en septembre (le seuil La Niña est fixé à -0.5°C, le seuil El Niño à +0.5°C). D’après la moyenne des modèles, l’anomalie pourrait passer à 2°C sur novembre-décembre-janvier. Le seuil pour un événement qualifié de « fort » est de +1.5°C dans la région Niño 3.4.

Prévisions des modèles dynamiques pour les températures de surface de la mer dans la région Niño 3.4. Source : CPC IRI.

Pour calculer la température mondiale par rapport à la période préindustrielle, il faut utiliser une autre archive que celle d’ERA5 car celle-ci remonte à 1979 seulement. L’archive du Met Office présente l’avantage de remonter aux années 1850. HadCRUT5 a récemment remplacé HadCRUT4 avec des améliorations dans la couverture globale et la mesure des températures de surface de la mer. Les données de HadCRUT5 sont utilisées ici pour calculer l’évolution d’ERA5 par rapport à la période préindustrielle (1850-1900).

L’anomalie de +1.128°C observée au mois de septembre 2023 par rapport à 1981-2010 correspond à +1.74°C au-dessus de la période 1850-1900, du jamais vu dans les annales ERA5. C’est la première fois qu’une anomalie mensuelle dépasse 1.7°C au-dessus de la période préindustrielle. Des anomalies aux alentours de +1.5°C au-dessus de la période préindustrielle n’avaient jusqu’à présent été relevées qu’entre novembre et avril.

Les deux années les plus chaudes ont été 2016 et 2020 avec respectivement +1.337°C et +1.33°C au-dessus de la moyenne préindustrielle. La moyenne sur janvier-septembre 2023 est de +0.70°C au-dessus de 1981-2010, soit +1.40°C par rapport à 1850-1900. L’année 2023 sera donc sans aucun doute la plus chaude depuis le début des relevés, devant 2016 et 2020. Le réchauffement lié à El Niño fera encore grimper l’anomalie mondiale d’ici la fin de l’année.

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17 réponses »

  1. Bonjour Johan,
    et toujours merci pour ton travail …
    Peut-on partir du principe que la Nina a « masqué » le réchauffement ces dernières années et que l’apparition de son frère a mis en lumière l’évolution ?

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    • Bonjour et merci. D’une certaine manière, oui. A court terme, La Niña masque le réchauffement en cours lié aux gaz à effet de serre. Mais le réchauffement des océans de poursuit, et c’est là que va la majeure partie de l’excès d’énergie emmagasinée par le système climatique. Avec El Niño, une partie de cette chaleur est relarguée dans l’atmosphère. En outre, La Niña a été particulièrement prolongée avant cet épisode.

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  2. Cela fait une nouvelle base aux climato-négationistes pour nier le réchauffement dans les années à venir. Il leur suffira de prendre comme référence 2023-2024 pour montrer une courbe desendante.

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    • Il en reste encore – «sed perseverare diabolicum».
      Il n’y a plus rien pour eux, ils subiront les mêmes effets mais dans l’aveuglement idéologique qu’ils projettent aux autres. Double peine. Ne nous en soucions plus, rien ne les en sortira et fera perdre un temps très très précieux.

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  3. 2023 devrait dépasser le seuil de +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, ou l’avoisiner selon les organismes météo. 2024 sera encore plus chaude, on le sait d’expérience. Et comme, depuis quarante ans, il n’a fallu en moyenne que 6 ans pour qu’un record de chaleur planétaire lié à el niño tombe, je crois qu’on peut « raisonnablement » s’attendre à ce que ce seuil soit dépassé de façon tendancielle vers 2030.

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  4. Allez, en attendant d’autres bilans globaux (ERA5 et UAH ont déjà officialisé un très net record de chaleur pour septembre, et même tous mois confondus en ce qui concerne UAH), petite mise en perspective locale:

    Depuis l’ouverture de la station actuelle d’Albi, en 1989, on n’avait dépassé le seuil des fortes chaleurs (30°C à l’ombre) en octobre qu’à deux reprises, les 2 et 3 octobre 2011. En octobre 2023, on est déjà à 4 jours de forte chaleur, et si on en croit les prévisions ce chiffre devrait doubler ces prochains jours. Et dire que le mois d’octobre le plus chaud date seulement de l’année dernière…

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    • Depuis cet été, chaque jour – ou presque – qui passe établit un nouveau record journalier de chaleur au niveau mondial. Dernier relevé d’ERA5 le 3 octobre, +1.106°C. Le max pour un 3 octobre était jusqu’à présent 0,75°C en 2020, suivi de 0,69°C en 2015. Ce 3 octobre 2023 est presque 1°C au-dessus du 3 octobre 1997 marqué par l’émergence d’un El Niño extrême.

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    • Technosolutionisme ordinaire.
      Le monde de l’entreprise n’a que la boussole croissantiste pour espérer agir. Cette pratique séculaire, intensive et extensive dans tous les aspect de notre vie jusqu’à sa planification scientifique verte quasi soviétique (ça parle de plans A, B… au passage, merci monsieur Schwab de liquider toute autonomie possible), démontre de manière éclatante que, quel que soit l’échelle, cela ne fonctionne absolument pas sans catastrophes, sans inégalités à la hauteur des enjeux.
      Aujourd’hui, le tribu exorbitant à payer par tous les êtres vivant sur terre (jusqu’à leur extinction possible pour certains et avérée pour d’autres) pour des caractéristiques mélioratives des conditions d’existence d’une poignée d’individus appartenant à une seule espèce, devrait être le signe flagrant de l’impasse prise pour qui il lui reste une conscience. Mais voilà, la rationalité à le pouvoir de mettre en silence ce qui serait du « bon sens » en augmentant le bruit médiatique. Certains invoquent l’accélération appelant la suite des ré-jouissances de tous leurs vœux, tandis que d’autres feignent leur pseudo humanisme et claironnent/klaxonnent avec des gimmicks géoingéniais pour attirer des subsides à faire baver d’envie n’importe quel technocroyant. Promesses d’une vie dégradée meilleure, avant l’écueil suivant.

      Si on avait un doute… on pourrait même croire qu’ils se foutent royalement de notre tronche et que ces malthusianistes 2.0 souhaitent nous voir crever.
      Fabrice Nicolino ne s’y est pas laissé prendre dans son dernier livre « Le grand sabotage climatique ».
      Sinon quoi ? Les détruire.

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  5. Dans la catégorie « Températures mondiales actuelles », la température de 1,46 pour le 12 octobre ne correspond pas au graphique.

    Bonne soirée.

    Parmantier.

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  6. Salut Johan, il me semble qu’il y a deux ou trois erreurs sur ta page des températures journalières. Si le 12 il a fait un 1,4 degré et des bananes au dessus de la moyenne ton graphique est faux. Et si il a fait 1.14 degré ton texte est faux. Et ta moyenne de l´année 2023 me semble dater d´août et n´intègre pas septembre…
    Voilà voilou ! 😃

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    • C’est corrigé, merci bien ! J’intégrerai demain la carte d’anomalies janvier-septembre quand j’aurai modifié quelques lignes de code. Pour ce qui est des chiffres, ils ont été publiés dans le compte-rendu de septembre : +0,70 au-dessus de 1981-2010 ; +1,40 au-dessus de 1850-1900 sur janvier-septembre 2023. Ça sera modifié demain

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