Selon l’Agence Internationale de l’énergie, les émissions de CO2 ont stagné en 2014 alors que l’économie mondiale a continué à croître au rythme de 3%. Une bonne nouvelle donc… Mais à prendre avec quelques précautions : la concentration de CO2 dans l’atmosphère reste en hausse.
Les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont stagné en 2014 à 32,3 milliards de tonnes, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Un résultat d’autant plus surprenant que la croissance économique a quand même été en Chine de 7,4%. Il s’agit d’une « bonne surprise », selon l’AIE elle-même. Sur les 40 dernières années, c’est la première fois que les émissions stagnent alors que l’économie mondiale est en croissance. Les précédentes périodes de stagnation avaient été marquées par des récessions, comme au début des années 80, en 1992 et en 2009.
Cette amélioration a été rendue possible grâce au développement des énergies renouvelables et à une meilleure efficacité énergétique, selon l’AIE. Car si ces chiffres sont exacts – les résultats complets seront publiés en juin – cela signifie qu’il a été est possible de faire croître l’économie sans consommer plus d’énergies fossiles.
La Chine notamment a diminué la part du charbon dans son mix énergétique, développant les énergies renouvelables comme l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire.
Cette donnée sera sans peut-être prise en considération lors des négociations prévues dans le cadre de la Conférence de Paris 2015, où la pression sera sur Pékin. S’il l’annonce de la stagnation est assurément une bonne nouvelle, cela signifie-t-il que les gaz à effet de serre ne posent plus problème ?
Tout d’abord, il faut rappeler que les émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre dû aux activités humaines, avaient augmenté de 2,3% en 2013, selon le Global Carbon Project, un organisme de recherche qui traque le cycle du carbone. Le rythme s’était accéléré par rapport aux deux années précédentes, où la hausse avait été de 2,1%. Les émissions sont désormais 61% plus élevées qu’en 1990, année de référence du protocole de Kyoto.
Le GIEC estime que pour avoir une chance de limiter la hausse des températures à 2°C, le monde ne peut pas se permettre de larguer plus de 1 000 gigatonnes de CO2. Si la tendance mondiale se poursuit, l’Agence Internationale de l’Energie estimait encore en 2014 que ces 1000 gigatonnes seraient atteintes dès 2040.
Selon une étude parue le 15 décembre 2014 dans Nature Climate Change, les émissions devraient culminer d’ici la fin de cette décennie dans toutes les grandes régions du monde afin qu’il y ait plus de 66% de chances de limiter l’augmentation des températures sous le seuil considéré comme dangereux de 2° C.
Or il s’avère que ce seuil dangereux de 2°C correspond à une concentration de 450 ppm équivalent CO2. La notion de concentration de l’atmosphère en CO2 est à distinguer des chiffres concernant les émissions de CO2. Les émissions calculées par l’AIE représentent ce qui entre dans l’atmosphère en raison des activités humaines. La concentration indique ce qui reste dans l’atmosphère au terme des interactions entre l’air, la biosphère et les océans. Environ un quart du total des émissions de CO2 sont absorbées par les océans et un autre quart par la biosphère, tempérant l’impact des activités humaines. L’usage des sols et la déforestation peuvent aussi avoir un impact important sur l’absorption du CO2.
Si l’AIE pense être en mesure de calculer les émissions liées à l’énergie, l’exactitude des chiffres peut quand même prêter à une certaine réserve. Les chiffres de concentrations restent au final ce qui importe vraiment car c’est bien la quantité de CO2 dans l’atmosphère qui exerce un forçage radiatif. Or, lors de l’année 2014, la concentration de CO2 n’a pas du tout stagné. D’après les chiffres de la NOAA, la concentration a augmenté de 2,2 ppm en 2014, soit davantage que sur la moyenne des 30 dernières années, qui était d’environ 1,8 ppm par an.
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