Au niveau global, l’année 2018 a été la quatrième la plus chaude des archives NCEP-NCAR et ECMWF. Les deux agences donnent des résultants très proches, +0,40°C et +0,43°C au-dessus de la moyenne 1981-2010. L‘année 2018 n’a pas été tirée vers le haut par El Niño, ce qui la laisse à distance du record de 2016. L’Europe a connu sa 3e année la plus chaude.
Les réanalyses comme NCEP-NCAR et ECMWF intègrent de multiples observations dans un modèle permettant de suivre quasi quotidiennement l’évolution du climat. Les données sont donc immédiatement disponibles, contrairement aux bilans mensuels des stations au sol.
Cette fin d’année a été en outre marquée par le shutdown qui bloque une partie des services gouvernementaux américains, notamment la NOAA. En conséquence, la NOAA ne devrait pas être en mesure de publier son bilan annuel tant que durera ce shutdown. Le NASA est également impactée puisqu’elle utilise les mêmes données pour les températures de surface de la mer. Le Met Office et Berkeley Earth pourraient en revanche être en mesure de publier un bilan prochainement.
Ces agences (NASA, NOAA, Berkeley Earth, Met Office) qui utilisent les relevés au sol et les températures de surface de la mer devraient pointer 2018 à la 4e place également, comme vient de le faire la JMA (Japon). Les satellites utilisés par RSS et UAH placent 2018 au 6e rang, probablement en raison d’une plus grande sensibilité à ENSO, puisque les satellites mesurent la température dans la basse troposphère et non exclusivement au sol.
Le top 10 des années les plus chaudes d’après les réanalyses
NCEP-NCAR a été touché par le shutdown américain et ne publie plus rien depuis le 23 décembre 2018. En conséquence, le bilan présenté ici concerne la période qui va du 1er janvier au 23 décembre 2018. La fin d’année n’aurait évidemment rien changé au classement final puisque 2018 devance 2005 de 0,05°C, ce qui ne se perd par en une semaine. On notera que ces 4 dernières années sont les plus chaudes de l’archive NCEP-NCAR, qui remonte à 1948.
Sur la période 1948-2018, le rythme du réchauffement est de +0,13°C par décennie, d’après NCEP-NCAR. Sur les 30 dernières années, le rythme est passé à +0,23°C par décennie. Depuis 2008, la tendance est de +0,34°C par décennie. Dix ans n’est pas un intervalle considéré comme suffisant pour mesurer une tendance. Compte-tenu de la variabilité naturelle, il est préférable de considérer des périodes de 30 ans, ce qui permet de lisser les oscillations du Pacifique notamment.
Le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF) n’a pas été impacté par le shutdown et a publié un bilan complet. Comme NCEP-NCAR, ECMWF place 2018 au 4e rang, également derrière 2016, 2017 et 2015. ECMWF affiche une température globale annuelle légèrement plus élevée et 2018 est en fait quasiment à la 3e place, au niveau de 2015.
Pour comparer les températures mondiales récentes au niveau préindustriel tel que défini dans le rapport spécial du GIEC sur le «Réchauffement de la planète de 1,5°C», il convient d’ajouter 0,63 °C à ces valeurs. Ce qui donnerait +1,03°C pour NCEP-NCAR en 2018 et 1,06°C pour ECMWF.
Les anomalies régionales sur l’année 2018
Il apparait assez clairement sur la carte annuelle que l’est du Pacifique n’a pas connu des anomalies positives propices à une température globale élevée. Avec des conditions La Niña en début d’année, l’année 2018 aurait probablement été une année plutôt fraiche sans la forte concentration de CO2, qui avoisine désormais les 410 ppm, contre 280 ppm pour la période préindustrielle et 180 ppm pour les périodes glaciaires.

Pour l’Europe également, les quatre dernières années sont parmi les plus chaudes des archives ECMWF. 2018 se classe au 3e rang avec +1,16°C au-dessus de la moyenne 1981-2010, nettement devant 2016 et à quelques encablures de 2014 et 2015. Des records de chaleur ont été battus dans de nombreux pays (France, Allemagne, République Tchèque, Hongrie, Pologne). 2018 se classe au 2e rang aux Pays-Bas et au Danemark.

D’après les dernières prévisions du Met Office publiées fin décembre, la température mondiale serait encore à un niveau élevé en 2019, approchant le record de 2016.
Les prévisions de température globale du Met Office suggèrent que 2019 sera proche d’une chaleur record en raison du changement climatique et de l’effet supplémentaire du réchauffement lié au phénomène El Niño dans le Pacifique. Celui-ci étant prévu avec une faible intensité, le coup d’accélérateur lié à la variabilité naturelle serait nettement moins important qu’en 2016. L’arrivée d’El Niño est jugée très probable cet hiver même s’il tarde à se manifester.









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