Climat

Inquiétants records de température en février 2024

Le mois de janvier a apporté de nombreux records de chaleur. Ce mois-ci, la différence était encore plus spectaculaire, plus de 140 pays enregistrant la température la plus élevée pour un mois de février. En France, il a fait plutôt chaud, et certaines villes ont eu droit à une météo digne d’un mois de mai, voire d’un mois de juin.

En Amérique, les Grands Lacs qui gelaient en hiver sont quasiment découverts maintenant (Image satellite de lacs gelés à 80% en 2014) et celle de février 2023 (couverture de glace de 7% en 2023, 6% le 16 février 2024) .

La zone des Etats-Unis voisine des Grands Lacs, c’est à dire les Etats de l’Iowa, du Minnesota et du Wisconsin, ainsi que le Texas ont franchi les records du mois de février.

En Asie, le Sri Lanka et le Myanmar ont dépassé 36°C, et le Sud de la Thaïlande a atteint 38°C.

L’Espagne a atteint la température estivale de 30°C et a déclaré l’état de sécheresse en février, plus tôt que les années passées. Le Maroc, où la désertification progresse depuis quelques années, l’a fait en janvier , après avoir atteint a atteint 33,9°C (Futura-Sciences). Une chaleur inhabituelle a aussi régné en Amérique du Sud et dans certaines zones de l’océan Indien. 

La température des océans (SST) dépasse des niveaux record depuis plusieurs mois (voir la figure ci-dessous). Elle a encore augmenté en janvier et début février.  Généralement, la surface de l’eau réchauffe l’air et débouche sur des vagues d’air plus chaud dans les semaines suivantes. Nous sommes dans une année El Nino. Les températures des océans sont alors plus élevées jusqu’en mars. Le dernier gros El Nino s’est produit en 2016 (voir la courbe 2016 sur la figure ci-dessous). Ce phénomène atmosphérique n’explique pas tout le réchauffement de cette année, par contre il permet de supposer que les températures de la surface de l’océan, puis celles de l’air, monteront encore. Les températures de l’Atlantique Nord sont particulièrement élevées.

En 2016, la température des océans a culminé en mars. L’air dans les tropiques s’est réchauffé et a atteint des températures record fin avril. La famine dévastatrice qui s’en est suivie en Somalie a livré à la faim les 40% de la population de ce pays, le bétail a succombé à la chaleur, et 6,3 millions de personnes ont subi une famine sévère. L’Inde a aussi été touchée. Depuis, les chocs climatiques en Somalie se succèdent, la sécheresse revient quasiment chaque année et le pastoralisme devient très difficile (FranceInfo). Cette année, les températures planétaires monteront selon toute vraisemblance plus haut que jamais. Sam Carana alerte sur la tragédie qui se développe dans les tropiques. Cependant, l’Organisation Météorologique Mondiale annonce des pluies abondantes en Afrique de l’Est.

Le Kenya, la Somalie, l’Ethiopie, le Sud du Soudan, l’Uganda, le Burundi, le Rwanda, et une partie de la Tanzanie subiront des fortes pluies entre les mois de mars et de mai. La sécheresse leur sera évitée mais ils sont par contre menacés d’inondation (OMM). Néanmoins, les températures planétaires dépasseront probablement les records passés.

Une autre mauvaise nouvelle vient du pôle Sud. La température planétaire est influencée entre autres par la glace marine Antarctique. Lorsque celle-ci est étendue, elle reflète les rayons du soleil. Quand elle se réduit, l’océan et toute la Terre absorbe plus d’énergie. Actuellement, elle est à son niveau le plus bas, ce qui pourrait favoriser des températures élevées cette année. Les connaissances scientifiques actuelles suggèrent des températures sans précédent dans les prochains mois.

Addendum le 28 février: La température des océans est encore montée jusqu’à atteindre un nouveau record:

3 réponses »

  1. bonjour Dorota, et merci pour cet article.

    Quand on regarde le graphique de température des océans, on voit bien la progression régulière.

    Outre la régression progressive de la glace des pôles qui augmente l’albedo, je pense que l’autre sujet de préoccupation devrait être la réduction de contraste entre la température des eaux et la température de l’air.

    Plus ces dernières vont converger et moins il y aura d’échange de calories. Et quand on sait les quantités d’énergie absorbées actuellement par les océans, il me semble normal qu’une toute petite variation de ces échanges en pourcentage risque d’avoir des conséquences très importantes pour le climat.

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    cordialement.

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    • La surface des océans est exposée au froid de la nuit ou de la pluie et à la chaleur des jours de soleil. La stratification des océans peut un peu réduire le brassage dans l’océan. Une autre partie du mélange, se fait par la circulation thermohaline qui ralentit, et à certains endroits l’eau froide du fond monte vers la surface (upwelling). Ce phénomène pourrait par contre s’intensifier à l’avenir.

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